Un expert de la Banque mondiale parle de l’index du capital humain en RDC
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« On a mis au point à la Banque mondiale un nouvel index qui s’appelle « l’index du capital humain » qui mesure la productivité de la génération future. Le score de la RDC, c’est 0,37, un peu en dessous de la moyenne qui est de 0,40 pour le continent africain. Et un score de 0,37 en matière de capital humain veut dire que le pays, l’enfant, l’individu réalisera seulement moins de deux fois et demie son potentiel arrivé à l’âge adulte. Et cela se traduit dans la capacité d’un pays à créer des richesses. En fait, ce que j’ai redécouvert, c’est que l’investissement dans le capital humain compte énormément dans la trajectoire de développement économique que prend un pays. Donc il ne suffit pas d’investir dans les infrastructures, il ne suffit pas et c’est très important pour un pays comme la RDC de bien gérer ses ressources naturelles, il faut aussi investir dans le capital humain. Et quand on dit capital, cela montre que c’est un investissement, ce n’est pas une dépense. Ce qu’on sait aujourd’hui, en provenance de plusieurs études, c’est qu’un dollar investi dans l’amélioration de la nutrition produit 11 dollars de bénéfice ».
Ces propos sont de Jean-Christophe Carret, directeur pour la RDC de la Banque Mondiale. Dans une interview accordée à la Radio France Internationale (RFI) et diffusée le lundi 10 juin 2019, il a justifié pourquoi la Banque mondiale a alloué plus de 500 millions de dollars à un programme destiné à lutter contre la malnutrition des enfants en RDC. Selon Carret, 42% des enfants souffrent d’un retard de croissance dû la plupart du temps à ce fléau, soit six millions d’enfants au total.
A la question de savoir comment expliquer l’ampleur de la malnutrition infantile en RDC, l’expert de la Banque mondiale a déclaré : « C’est lié à la pauvreté. Non seulement, c’est un pays où le pourcentage de pauvreté est élevé-il y a environ 70% de la population qui est pauvre-, mais comme c’est un pays où il y a beaucoup de monde, c’est aujourd’hui le troisième plus grand réservoir de pauvres au monde, après l’Inde et après le Nigeria. Et contrairement à l’Inde, c’est un pays où le nombre de pauvres s’accroît chaque année. Donc aujourd’hui, on a à peu près 60 millions de pauvres en RDC, et par rapport à l’année dernière, il y a 1,5 million de pauvres de plus que l’an dernier. Là aussi, c’est une bombe à retardement. C’est-à-dire qu’un pays qui, même s’il a une croissance économique, n’arrive pas à traduire une partie de cette croissance économique en réduction de la pauvreté, s’achemine vers des lendemains compliqués. Il y a aussi un facteur d’explication assez important qui est les grossesses dites précoces, elles sont assez nombreuses. Et quand la mère est jeune, cela favorise encore plus l’apparition de problèmes de malnutrition chez le nourrisson ».
Sur les résultats attendus de cette intervention, l’homme de la Banque mondiale répondu en ces termes : « C’est le plus grand projet jamais réalisé par la Banque mondiale dans le domaine de la malnutrition. On pense, avec ce projet qui va concerner quatre provinces, aider 2,5 millions d’enfants et 1,5 million de mères à ne pas souffrir de malnutrition. On touche un quart de la population des enfants malnutris. Cela veut dire à mon avis que les enjeux de développement en RDC sont gigantesques, parce que quand on arrive avec le plus grand projet jamais réalisé et qu’on peut seulement, je dirais seulement, s’occuper d’un quart de la population d’enfants qui souffrent de ce problème, cela montre l’ampleur de l’enjeu. Ce n’est pas un problème qu’on va régler en l’espace de 4 ou 5 ans. On a d’autres exemples d’interventions de la Banque mondiale dans d’autres pays du monde. Dans le meilleur des cas, lorsqu’on a travaillé pendant dix ans de manière continue dans les mêmes villages ou dans les mêmes régions où il y avait ce problème de malnutrition, au bout de dix ans vous arrivez à diminuer le taux de malnutrition par deux. C’est vraiment quelque chose qui est très difficile, très coûteux et très long à régler ».