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Soutenir les vainqueurs d’Ebola à mieux surmonter la stigmatisation dans l’Est de la RD Congo

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Depuis 2018, la région du grand nord (Province du Nord-Kivu), dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), a été le foyer de quatre épidémies de la maladie à virus Ebola, touchant notamment plusieurs zones de santé de Beni, Biena et Butembo, avec un millier de personnes ayant survécu à la maladie.

Il y a cinq ans, Mwamini Kavugho, habitante de Beni avait vaincu la terrible maladie, après une prise en charge au Centre de traitement Ebola, au grand soulagement de sa famille et de sa communauté. Infirmière dans un établissement de santé de Beni pendant une dizaine d’années, cette héroïne méconnue fait partie d’un millier d’autres survivants qui tentent désormais de surmonter la détresse psychosociale, en plus de la difficulté pour trouver du travail ou des sources de revenus.

« Depuis ma guérison d’Ebola fin octobre 2018, je n’ai plus retrouvé mon travail dans la clinique pédiatrique où je prestais auparavant, en dépit du soutien que nous avions bénéficié du programme de suivi dédié aux vainqueurs d’Ebola », raconte Mwamini, 43 ans, mère de deux enfants.

Le programme de suivi multidisciplinaire des anciens patients d’Ebola a été mis en place par le Ministère de la Santé Publique, Hygiène et Prévention avec le soutien de l’OMS et de l’UNICEF. C’est une bouée de sauvetage essentielle pour suivre les personnes survivantes pendant 18 mois, en leur fournissant mensuellement des soins de santé, des conseils et un soutien coordonné grâce aux cliniques spécialisées, en ce qui concerne notamment les aspects cliniques, biologiques et psychologiques.

« Ce sont des choses qui font partie de l’être humain, même si les gens vous regardent autrement et croient que vous portiez toujours le virus », a déclaré Mwamini.

Mwamini fait actuellement du petit commerce, et tant d’autres petites occupations journalières pour tenir, mais son espoir est toujours de retrouver un jour son emploi dans la pédiatrie qu’elle faisait avant qu’elle ait contracté le virus Ebola en 2018. « Parfois, on peut trouver du travail, mais alors un travail tellement épuisant qu’on finit par l’abandonner », dit-elle.

Pour une autre survivante, Elizabeth Zawadi, 32 ans, « beaucoup de gens pensent que le fait d’avoir survécu à Ebola nous a ôtés d’une partie de nos facultés mentales. J’ai déjà fait l’objet de moqueries de la part de certains membres de ma famille, juste pour un simple oubli de quelque chose. Pour eux, ce type d’oubli est la conséquence d’avoir eu Ebola, ce qui n’est pas vrai du tout, car l’oubli est humain, ça peut arriver à tout le monde ».

« Souvent, je ressens des vagues intenses de chagrin quand je fais face à ce type de stigmatisation, j’essaie parfois de cacher mes émotions, mais vous savez, ce sont des choses parfois dévastatrices sans paroles », ajoute Zawadi.

 

« Mais ces braves vainqueurs d’Ebola ont été témoins de nombreuses dépressions, d’anxiété et de trouble de stress post-traumatique au cours de ces années écoulées, et dont il n’était pas toujours facile d’en saisir l’impact psychologique. Ils ont encore besoin de beaucoup de soins, de beaucoup de soutien psychologique », a indiqué le Dr Jérémie Katsavara, médecin-directeur de l’hôpital général de référence de Beni.

Katsavara a été longtemps en première ligne dans la prise en charge de ces anciens guéris lors de la dixième épidémie de 2018-2020. Il a expliqué que ce qui a été d’une grande aide pour la région, c’est ce programme de suivi des vainqueurs du virus d’Ebola, ayant bénéficié du soutien financier de la Chine. Ça a été indispensable à cette communauté, en termes de soutien psychologique dont elle avait besoin pour mettre en lumière leur énergie et leur volonté de continuer à se battre. Il pense aussi que face aux terribles conséquences de la maladie, ’’il faudra faire plus, de la part du gouvernement, des partenaires et de la communauté pour accompagner davantage les vainqueurs de ce virus potentiellement meurtrier d’Ebola’’.

« Une des choses qui a été intéressante pour les vainqueurs d’Ebola, ce qu’ils ont créé une relation de confiance très forte entre eux. Ils se regroupent dans des associations communautaires sans but lucratif pour échanger et partager une multitude d’expériences ou suivre certaines formations de renforcement des capacités pour réaliser leur plein potentiel. Cela a toujours grandement contribué à remonter leur moral », a souligné Rachel Kashimoto, en charge de l’accompagnement psychosocial au sein du programme de suivi.

Aujourd’hui, cette jeune femme de 33 ans, qui vit à Beni, fait partie d’un groupe de prestataires qui continuent de faciliter l’accès de vainqueurs d’Ebola aux services psychosociaux dont ils ont besoin‘‘. Au cours des dernières années, nous avons fortement applaudi toutes les initiatives de santé publique et les opportunités liées à la santé mentale de ces anciens guéris. Nous les accompagnons à mieux gérer des situations stressantes, mais ils ont appris à être résilients’’, ajoute Kashimoto. La dixième épidémie de la maladie à virus Ebola en RDC avait enregistré un total de 3470 cas, 2 287 décès et 1170 guérisons.

Le Dr Boureima Hama Sambo, représentant résident de l’OMS en RDC s’est dit « inspiré par l’admirable résilience des anciens patients et vainqueurs d’Ebola, qui ont su courageusement surmonter les défis de la vie au quotidien, grâce notamment au solide partenariat de l’OMS avec l’Agence chinoise de coopération internationale pour le développement. »

« Nos défis communs nécessitent des solutions partagées. Les vainqueurs de la maladie à virus Ebola ont vu en ce partenariat quelque chose de très positif qui a eu un impact considérable sur leur vie, leur permettant tout simplement de bénéficier d’un suivi rigoureux pour leur santé et leur réintégration dans la société », a déclaré le Dr Sambo.

Kabambi Eugène/OMS

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