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Roland Kakule : « La ville de Mbuji-Mayi se dégrade du jour au lendemain et risque de disparaitre un jour »

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Le Papyrus : Chercheur en géologie urbaine et environnement au Centre de Recherche Géologique et Minière (CRGM), vous avez, dans le cadre d’une étude, dénombré 146 ravins à Mbuji-Mayi, une ville de 135,18Km² et de plus de 3 millions d’habitants. Selon cette étude,  ces ravins sont consécutifs à la nature du sol et du sous-sol de Mbuji-Mayi. Vous avez conclu à deux possibilités : réaménager la ville ou construire une autre. Quelle est la situation de la ville aujourd’hui par rapport à votre étude ? Le nombre des ravins a-t-il augmenté ou diminué ?

 Roland Kakule : Scientifiquement, on les appelle tète d’érosions, en dehors des érosions causées citées ci-haut, il y a aussi : A Mbuji-Mayi, l’érosion hydrique des sols qui est un phénomène largement répandu du fait de conditions pédologiques, climatiques et topographique sévères qui règnent dans cette région et de constructions anarchiques parfois inadéquates. La forte concentration des ravins et effondrements dans la région de Mbuji-Mayi pose la question de leur rôle dans la destruction du tissu urbain fréquemment observé ces dernières années.

Deux principaux types de facteurs de l’érosion à Mbuji-Mayi sont évoqués dans la littérature : les facteurs naturels regroupés sous quatre grandes familles ; à savoir : le climat, la topographie, la lithologie et le couvert végétal; et les facteurs anthropiques relatifs aux activités humaines.

Les facteurs naturels

L’érosion en milieu subéquatorial est directement commandée par la vulnérabilité d’une topographie exposée à un climat très agressif, facteur accentué par les travaux de l’homme fragilisant le couvert végétal et déstructurant les sols.

La fréquence et l’intensité des précipitations sont les deux caractéristiques importantes du facteur climatique de l’érosion hydrique des sols. Ces caractéristiques sont à l’origine de la formation du ruissellement quand la quantité des pluies dépasse la capacité d’absorption de l’eau par le sol.

Le climat subéquatorial ou tropical humide est caractérisé par des précipitations abondantes et irrégulières et de forte intensité.

La topographie fait avant tout référence à la pente des terres: la pente accélère l’érosion car elle augmente la vitesse d’écoulement de l’eau (CNEA, 2007). La pente intervient dans les phénomènes d’érosion en fonction de sa forme, de son inclinaison et de sa longueur (Roose, 1994 ; Fox & Bryan, 1999)).

Les sols dans la ville de Mbuji-Mayi sont argilo-sablonneux et pauvres en matière organique à cause de la faible productivité végétale, des températures élevées et du manque d’eau. Ces conditions accélèrent la minéralisation des matières organiques du sol et les rendent fragiles, faiblement structurés et prédisposés au tassement et à la formation de croûtes de battance. En conséquence ces sols sont en général très sensibles à l’érosion (Al Ali, 2007).

Les facteurs anthropiques

Certaines activités humaines accélèrent l’action de l’érosion. Les pratiques qui favorisent l’érosion sont principalement :

*Le surpâturage qui provoque le tassement des sols, diminue sa perméabilité et favorise le ruissellement de l’eau.

*L’intensification de l’agriculture.

*La déforestation favorisant l’écoulement d’eau. Selon la FAO, le taux moyen de déforestation des 10 dernières années dans le subéquatorial est de 0,8 % pour la forêt tropicale mondiale (PNUE- plan bleu, 97).

*La croissance démographique et l’urbanisation.

A Mbuji-Mayi, les activités humaines (défrichement et surexploitation des espaces) ont augmenté au cours de dernières décennies, en particulier du fait de la croissance démographique galopante : 272.373 habitants en 1974, 486.235 habitants en 1984, 2.862.529 habitants en 2004 et 3,7 millions d’habitants actuellement (Mairie de Mbuji-Mayi, 2016).

Le nombre de têtes d’érosions augmente dans la ville car les conditions de mise en place de ces phénomènes ne font que s’ajouter. La ville se dégrade du jour au lendemain et risque de disparaitre un jour, surtout que la ville est bâtie sur l’endokarst qui semble avoir des cavités souterraines.

   Propos recueillis par Jean René   Bompolonga

 

 

 

 

 

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