Recommandations des Etats généraux de la recherche scientifique et technologique
6 min readA l’issue des débats des travaux en panels et en ateliers, les Etats Généraux recommandent ce qui suit :
34. En ce qui concerne le désintérêt des acteurs politiques et de l’opinion publique et la nécessité d’une nouvelle vision de la politique scientifique et technologique:
a. de promouvoir une nouvelle image de la recherche scientifique et technologique en République Démocratique du Congo en rapport avec les besoins fondamentaux de la population et le développement de la République Démocratique du Congo;
b. de faire prendre conscience de l’importance de la recherche scientifique et technologique par les pouvoirs publics et sensibiliser l’opinion publique sur cette importance par la tenue des salons des inventions, des matinées scientifiques, y compris à l’intérieur du pays;
c. de développer une pédagogie de créativité dans les programmes d’enseignement des sciences de base et de la technologie;
d. de recourir aux langues nationales dans l’enseignement des sciences là où cela apparaît utile;
e. de promouvoir une culture et une éthique de la recherche scientifique et technologique.
35. En ce qui concerne la valorisation des résultats de la recherche:
a. que les chercheurs et les institutions s’emploient à faire valoir aux yeux de la société les résultats de leurs recherches non seulement en les faisant connaître jusqu’au niveau de la vulgarisation, mais en s’efforçant de les exploiter économiquement et culturellement ;
b. que la société pose des actes de reconnaissance des résultats obtenus par les chercheurs en leur accordant des prix, promotions et encouragements;
c. que les droits des chercheurs soient protégés dans la diffusion et l’exploitation des résultats de leurs recherches.
36. En ce qui concerne l’évaluation des activités de recherche:
a. que soit promue une culture de l’évaluation des activités de recherche;
b. que les chercheurs soient suivis selon un programme préétabli définissant leurs objectifs et que leurs activités fassent l’objet de rapports d’exécution;
c. que les Ministères de tutelle développent la pratique d’une évaluation institutionnelle régulière des centres de recherche et des chercheurs sur base de leurs objectifs reconnus et de leurs performances;
d. que soient élaborés des critères adéquats d’évaluation pour renforcer les capacités des chercheurs et des structures de recherche.
37. En ce qui concerne l’inadéquation des pratiques et des structures de recherche par rapport aux priorités du développement et des ressources disponibles:
a. qu’une réforme des structures de recherche soit entreprise par la mise au point des mécanismes de coordination et de concertation comme le Comité interministériel de la Recherche Scientifique et Technologique et le Conseil National de la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST) ;
b. qu’une politique d’implantation graduée et rationnelle des institutions de recherche à travers le pays soit élaborée, tenant compte des besoins du pays et des ressources disponibles;
c. que le Ministère de la Recherche Scientifique et Technologique s’emploie à développer une synergie entre chercheurs indépendants et institutions publiques et à mettre en place des mécanismes de concertation permanente entre Ministères, opérateurs économiques, artisans et paysans en ce qui concerne la conception et le choix des programmes de recherche;
d. que les institutions d’enseignement et de recherche veuillent à intégrer leurs activités dans l’effort national de développement;
e. que soit développée la pratique de contractualisation de la recherche définie à partir des projets prioritaires au développement;
f. que soit promue une politique de publication et de diffusion des résultats de la recherche.
38. En ce qui concerne le déficit du cadre institutionnel:
a. l’actualisation de la loi organique par notamment:
– la redéfinition de l’objet de la recherche scientifique et technologique: « contribuer au développement durable du pays par la promotion du progrès et de l’application de la science et de la technologie» ;
– l’extension du champ d’application de la loi aux sciences humaines, aux arts et métiers ainsi qu’aux savoirs et savoir-faire endogènes;
– l’ajout du « Comité Interministériel de la politique scientifique» comme organe de la recherche;
– l’explicitation des dispositions propres à la recherche publique (R.S.T. et autres Ministères) et celles relatives à la recherche privée;
– la redéfinition du statut, des compétences et des structures du CNRST ;
b. la création d’une Agence Nationale de la Valorisation des Résultats de la Recherche « ANAVAR », institution publique dotée de la personnalité juridique, chargée en amont:
– de la vulgarisation et de l’application des résultats de la recherche,
– de la certification des résultats de la recherche avant l’octroi des brevets et marques,
– de l’élaboration des normes scientifiques.
c. la prise en compte des nouvelles technologies de l’information et la communication dans la composition du CNRST;
d. la mise en place d’une commission scientifique de coordination en lieu et place du CNRST, en attendant l’adoption de la loi rénovée.
39. En ce qui concerne le statut du personnel de la recherche:
a. l’élaboration du Statut du personnel de la recherche scientifique et technologique en prévoyant des dispositions propres au personnel scientifique, aux techniciens de recherche et aux administratifs;
b. le renforcement des critères d’engagement des assistants en ce qui concerne la note obtenue dans le travail de mémoire (70%) et pour la note générale (65%) ;
c. l’évaluation plus stricte du chercheur en matière de publication;
d. le maintien du tableau de correspondance de grade entre l’Enseignement Supérieur et Universitaire et la Recherche Scientifique et Technologique afin de faciliter la mobilité du personnel de deux secteurs et l’introduction de la notion D.E.A. (D.E.S.), comme l’une des conditions d’accès au grade d’Attaché de Recherche ;
e. l’accès à l’Eméritat doit être réservé aux Directeurs de recherche;
f. l’amélioration des conditions matérielles de chercheurs afin d’éviter la fuite des compétences scientifiques.
40. En ce qui concerne l’absence d’un programme national de recherche articulé aux priorités de développement du pays:
L’articulation des programmes de recherche aux priorités du plan de développement national se fondant sur:
– l’élaboration d’un programme national de recherche à partir des Objectifs du Millénaire et de la stratégie gouvernementale de la réduction de la pauvreté;
· la mise en œuvre des programmes sectoriels de la recherche scientifique et technologique avec une attention particulière sur le savoir et savoir-faire endogène pour lesquels la création d’une chaire UNESCO est jugée pertinente ;
– la mise en œuvre du dispositif de coordination de la recherche scientifique et technologique.
41. En ce qui concerne l’insuffisance des ressources financières:
a. l’accroissement progressif du budget de la recherche allant de 0,05% à 1 % du PNB selon les engagements de la République Démocratique du Congo dans les assises internationales;
b. la création du Fonds National de la Recherche Scientifique;
c. la diversification des sources nationales de financement de la Recherche Scientifique;
d. la préparation et l’organisation d’une table ronde des bailleurs de fonds bi et multilatéraux avec le concours de l’UNESCO et de la Banque Mondiale;
e. la négociation des termes de référence des projets permettant la prise en compte des compétences nationales;
f. le renforcement des capacités des chercheurs dans l’élaboration des projets réalisables et bancables.
42. En ce qui concerne le déficit de la coopération scientifique:
a. le renforcement et l’amélioration de la fonctionnalité de la structure existante c’est-à-dire la Direction de la coopération scientifique;
b. la redynamisation de la coopération au niveau national, sous-régional, régional et international.
43. En ce qui concerne l’absence d’un plan de développement de la recherche scientifique et technologique :
– que le projet du plan stratégique adopté soit complété par le cadre logique et présenté à la table ronde des bailleurs de fonds.
Fait à Kinshasa, le 26.05.2005.
Rapporteur Général,
Prof. FUKU SALA Felix
Président du Comité d’Organisation,
Prof. MPEYE NYANGO Nestor