RDC : Ni les élections.. ni les réformes institutionnelles ne sont déterminantes pour garantir une offre viable et qualitative de démocratie (étude)
3 min readAu terme de notre processus heuristique, nous relevons que ni les élections, quel que soit leur niveau de crédibilité, ni les réformes institutionnelles, quelles que soient leur étendue et leur rigueur, ne sont déterminantes pour garantir une offre viable et qualitative de démocratie. Ce, contrairement à ce qui est généralement admis. Les bonnes élections et les réformes institutionnelles efficientes ne sont pas le moteur d’une démocratie viable. Elles en sont plutôt les conséquences. Seule une demande vigoureuse de démocratie par le peuple, trouvant par ailleurs appui sur une dynamique favorable tant interne qu’extérieure, est susceptible d’infléchir un habitus démocratique au sein des élites et, ainsi, contraindre les représentants (gouvernants) à offrir une démocratie viable. La loi de la demande vigoureuse et de l’offre de démocratie que nous développons suggère qu’il faut que la pression de la demande soit, au moins et de façon permanente, deux fois supérieure à la dynamique de l’offre, au point que cette pression représente un « Risque permanent de Perte de Pouvoir » pour les gouvernants. L’évolution positive et soutenue du processus de demande de démocratie démontrée par les Congolais à partir de 2011 jusqu’en 2019 est à cet égard indicatrice d’un processus démocratique, certes pas encore viable, mais incontestablement soutenable.
C’est la conclusion Iyoka Otangela-N’kumu Jean-Bedel, Diplômé d’Etudes Supérieures en Sciences Politiques, dans son étude intitulée « La démocratie représentative à l’épreuve des pratiques électorales en république démocratique du Congo ». Thèse présentée et soutenue publiquement en vue de l’obtention du Grade de Docteur en Sciences Politiques et publiée sur le site de l’UNIKIN en février 2023.
Sa thèse se fonde sur un paradigme, celui qui consiste à affirmer que la démocratie est un marché. Si au sens économique, le marché confronte acheteurs et vendeurs des biens et des services autour de la monnaie comme valeur d’échange, le marché démocratique confronte représentants politiques et peuple – plus strictement citoyens électeurs – autour du pouvoir comme valeur marchande.
L’auteur écrit : « Depuis plus de trois décennies, mais plus spécifiquement, depuis dix-sept ans, la République Démocratique du Congo s’engage dans un processus de réhabilitation de sa démocratie représentative. Mais, une évidence est largement partagée par l’opinion publique en général, et même d’éminents politologues. La grande majorité est dubitative, voire particulièrement défiante au sujet de la qualité du projet démocratique de notre pays ».
L’objet de cette recherche porte donc sur l’évaluation de la viabilité de la démocratie représentative congolaise dans un contexte marqué par des crises électorales récurrentes. Il s’est appuyé sur l’analyse des « pratiques électorales » comme variable explicative.
Les pratiques électorales sont entendues dans cette étude comme l’ensemble des comportements et des modalités de contrôle citoyen, qui transcendent le simple moment électoral calendaire. Elles prennent en compte certes la qualité du choix électoral ponctuel, mais intègrent, bien plus, les modalités, la qualité et la récurrence de la veille citoyenne des institutions et de leurs animateurs tout au long du mandat. Le moment électoral étant par nature fondamentalement précaire en termes d’offre de démocratie.
La question centrale consiste à déterminer si les crises systématiques observées durant les trois cycles électoraux ainsi que les pratiques électorales qui se sont développées depuis 2005 mettent en cause l’émergence d’une démocratie représentative viable en République Démocratique du Congo.
LP