RDC : Les différents sols peuvent être classés en cinq principaux groupes de référence (selon Prof. Lumpungu)
4 min readDans sa publication intitulée « Booster l’Agriculture pour un développement durable de la République Démocratique du Congo », le Professeur émérite Lumpungu Kabamba a réservé un chapitre à la question des sols du pays. Le Papyrus porte à votre connaissance ces éléments pour que chacun se fasse une idée à ce sujet.
La République Démocratique du Congo dispose d’une diversité des sols, dont la genèse est largement dominée par l’association des processus d’altération et de lessivage, induits par les facteurs climatiques, notamment la température qui est toujours élevée et la pluviométrie qui est abondante.
Selon LUMBUENAMO (1996), plus de 2.265.000 km², soit plus de 226,5.106 d’hectares de l’étendue du pays sont des terres fermes et près de 80.000 km², soit 8.000.000 d’hectares des terres sont submergées.
Ces différents sols peuvent être classés en cinq principaux groupes de référence (FAO, ISRI, IUSS, 2006). Il s’agit de :
- Groupe des Ferralsols
Ce groupe couvre une superficie de ± 124.550.000 hectares. Ce sont des sols de couleur rouge jaunâtre, présentant des bonnes propriétés
physiques, mais qui, sur le plan chimique et minéralogique, sont caractérisés par une altération poussée des minéraux primaires, un
lessivage excessif des cations alcalins et alcalino-terreux, une forte teneur en oxydes de fer, le plus souvent accompagné d’oxydes d’aluminium. On note la présence presque exclusive de la kaolinite comme minéral argileux, dont la capacité d’échange cationique est variable, mais basse à très basse (CEC < 16 cmol / kg d’argile). Ils ont une teneur élevée en sesquioxydes et une faible teneur en matière organique, ce qui fait d’eux des sols peu fertiles. Ils sont très érodibles. Leur teneur élevée en sesquioxydes fait qu’ils ont un grand pouvoir fixateur de phosphore. On les trouve surtout dans le sud-ouest du pays et dans la cuvette centrale.
Les Ferralsols de type arsénique couvrent une superficie totale de 61.100.000 hectares. Ce sont des sols récents, caractérisés par une couche de sable recouvrant un matériau argileux. Certains de leurs caractéristiques comme la faible capacité de rétention d’eau, la faible capacité d’échange cationique et la faible fertilité rappellent celles des autres Ferralsols. Ils sont d’un drainage rapide et d’une structure particulaire. Très érodibles, on les rencontre au Bandundu, dans le Sud-Kasaï et sur la côte atlantique.
- Groupe des Nitisols
Il occupe une superficie de 32.900.000 hectares. Ces sols de couleur ocre-rouge, au profil uniforme, bien drainés et sans changement brusque de texture, ont une grande capacité de rétention d’eau et une structure stable. Leur capacité d’échange cationique est variable (faible à moyenne), mais ils ne présentent aucun problème de toxicité aluminique. Certains d’entre-eux contiennent encore des résidus des matériaux altérables. Ce sont des sols argileux peu érodibles. On les rencontre surtout dans le Kivu, l’ex-Province Orientale, le nord du Bandundu et le Kongo Central.
3. Groupe des Gleysols
Ce sont des sols hydromorphes qui occupent une superficie d’environ 11.750.000 hectares. Leur fertilité est fonction soit, de la richesse chimique des matériaux colluviaux des collines environnantes, soit de leur profondeur. Ils sont idéaux pour le paddy. Ils sont rencontrés dans la cuvette centrale, dans les fonds des vallées du Katanga méridional et, par endroits, dans la plaine de la Ruzizi.
4. Groupe des Vertisols
Ce sont des sols communément appelés « terres noires ». Riches en argile de type montmorillonite, ils sont d’une bonne fertilité, quoique lourds et difficiles à travailler. Ils sont collants lorsqu’ils sont humides et se rétractent et durcissent lorsqu’ils sèchent. On les rencontre dans la vallée de la Ruzizi, autour du lac Edouard et au sud du Katanga. Ils sont parfois salins, comme dans la vallée de la Ruzizi (Sol dit « Ikitumba »).
5. Groupe des Andosols
Ces sols se sont développés à partir des cendrées volcaniques. Ils sont d’une grande valeur agricole et sont bien drainés, parfois même
excessivement drainés. Leur capacité d’échange cationique et leurs teneurs en matière organique sont élevées. En milieu humide, ils évoluent vers les Ferralsols. Leur forte teneur en matériaux amorphes leur confère un pouvoir fixateur vis-à-vis du phosphore, du bore et du molybdène, ce qui peut induire des carences en ces éléments. Dans leur variante acide, ils peuvent développer une toxicité aluminique. Ils sont très faiblement représentés en RDC où ils se limitent dans la région volcanique de la province du Nord Kivu.
Synthèse sur les sols
Comme on peut le constater, les ferralsols constituent le groupe le plus important des sols congolais (± 79%). Ils sont comme la majorité
d’autres sols, pauvres en matière organique (souvent, moins de 1%) à cause de la rapide destruction de celle-ci, favorisée par des températures élevées, des pluies abondantes et l’hygrométrie élevée tout au long de l’année.
C’est, donc, des sols, généralement pauvres en azote (N), un des éléments nutritifs de base pour les végétaux.
Aussi, en raison de leurs teneurs élevées en fer et en aluminium qui forment des complexes insolubles avec le phosphore (P), la biodisponibilité de ce dernier est généralement, très réduite dans ces sols.
Au-delà de ces déficiences très marquées en azote et en phosphore, beaucoup de sols, sur l’étendue de la République Démocratique du Congo, souffrent aussi des carences en magnésium (Mg) et en oligo-éléments (fer, cuivre, zinc, manganèse, bore, molybdène et cobalt) (LUMPUNGU, 2006).
Professeur Lumpungu Kabamba