RDC : l’épargne au Kongo-Central analysée dans une thèse de doctorat
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Des élèves de 6ème primaire de Kinshasa le 08/06/2012, sur une des avenues de la commune de limete, après le Test national de fin d’études primaires (Tenafep). Radio Okapi/ Ph. John Bompengo
L’éducation, l’épargne et la pauvreté dans la province du Kongo-Central, ouest de la République démocratique du Congo, ont été analysées dans une thèse de doctorat soutenue jeudi à l’Université de Kinshasa (UNIKIN).
« L’objectif principal de cette étude intitulée ‘’Education, épargne et pauvreté dans la province du Kongo-Central en République démocratique du Congo ’’, est d’évaluer l’impact de l’éducation sur la faiblesse de l’épargne, ce qui conduit à la pauvreté », a déclaré Gloire Mansesa Kiakumba, auteur de cette thèse de doctorat de la faculté des sciences économiques et de gestion.
« Pour y parvenir, nous avons eu recours aux données primaires, par le biais d’une enquête réalisée entre janvier et mars 2022, auprès de 400 ménages dans les villes de Matadi, Boma, Kimpese et Mbanza-Ngungu dans la province du Kongo-Central en République démocratique du Congo », a-t-il dit.
« Il ressort des analyses que l’éducation impacte significativement et positivement le comportement d’épargne des ménages, ce dernier réduit la proportion des pauvres de 20%. L’analyse économétrique a permis de déterminer l’apport de l’épargne placée dans le secteur formel, alors que cet apport n’est pas significatif dans le secteur informel », a poursuivi le récipiendaire.
L’analyse a montré selon lui, que les parents n’investissent pas suffisamment dans l’éducation de leurs enfants soit 77,2%. Сеci а pour conséquence la baisse de la qualité de l’éducation, manifestée entre autres, par des contreperformances de la province aux éditions de l’Examen d’Etat.
Près de 58% d’élèves, sont privés de fréquenter l’école faute de paiement des frais de scolarité.
En ce qui concerne l’analyse des déterminants de l’épargne, l’étude montre que l’épargne est faible au Kongo-Central. La plupart des ménages n’épargnent pas dans le secteur formel.
L’impétrant a à cet effet, soutenu que les ménages détiennent près de 14.000 USD à la maison faute de confiance vis-à-vis du secteur formel.
Pour le chercheur Gloire Mansesa, le secteur de microfinance collecte plus d’épargne que le secteur bancaire. A cause du manque de confiance, les ménages constituent une épargne de précaution en actifs réels.
Appel à améliorer l’accès aux intrants agricoles
Par ailleurs, l’impétrant a recommandé dans cette thèse, aux autorités politiques à améliorer l’accès aux intrants agricoles pour accroître le revenu de ce type de population et conduire à l’éradication de la pauvreté.
Assurer un bon encadrement et une bonne formation de ces acteurs pour améliorer le rendement dans le secteur agricole, mettre en place des structures d’encadrement et d’accompagnement pour canaliser l’épargne informel dans le secteur formel ou semi-formel en promulguant une loi qui interdit le fonctionnement des structures informelles comme « le Mokizi ou likelemba (ristourne) », font partie de ces recommandations.
Il a été également demandé aux autorités politiques à poursuivre l’accompagnement des Petites et moyennes entreprises (PME) et l’installation sur toute l’étendue du pays des structures d’incubateurs d’entreprises.
L’investissement davantage dans le secteur de l’éducation et la formation professionnelle pour reconstruire les chances d’employabilité des jeunes et la réhabilitation ou la construction des routes des dessertes agricoles pour conduire la production agricole des centres de production aux grands centres de consommation, ceci selon le récipiendaire, aura de l’incidence sur le revenu de la population.
Nécessité de sensibiliser les ménages à la culture d’épargne
Cette thèse a suggéré aussi à l’Etat congolais à protéger l’épargne des agents en luttant contre l’impunité, l’inflation, l’instabilité de change et sensibiliser les ménages à la culture de l’épargne ainsi que d’investir davantage dans le secteur de l’éducation et la formation professionnelle pour accroître les chances d’employabilité des jeunes.
La mise en place d’un cadre de collaboration entre les différentes provinces éducationnelles et les institutions supérieures pédagogiques, pour résorber la proportion d’enseignants sous-qualifiés, a été proposée par l’auteur de cette recherche doctorale.
En outre, l’étude a suggéré aux ménages d’ouvrir un compte dans le secteur formel ou de microfinance pour alléger la charge en matière d’emprunt.
Il s’agit aussi d’encourager les enfants à poursuivre les études afin d’améliorer le revenu futur et jouir des conditions de vie relativement stables.
Les professeurs Mvudi Matingu, Tingu Yaba , Ngongo Ngoy , Bitemo Ndiwulu , Lututala Mumpasi, Matabisi Lukumu et Sinzidi Kabuki , ont été respectivement promoteur, co – promoteur, président et membres du jury de cette thèse .
Le secrétaire général académique de l’UNIKIN, le Pr Charles Odiko , qui a présidé cette séance académique au nom du recteur , a conféré au candidat le grade de docteur en sciences économiques avec la mention « grande distinction ».
ACP du 5 septembre 2024