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RDC : Le Gouvernement se réjouit d’ « Ebanga », un fruit apporté par le Parent Pauvre de la vie nationale

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Le Ministre de la Santé Publique, Hygiène et Prévention, Dr Jacques Mbungani, a fait part au Conseil d’une grande victoire scientifique pour la République Démocratique du Congo après la présentation de « Ebanga », nouveau médicament spécifique pour le traitement de la maladie à virus Ebola, un anticorps monoclonal humain.  Cet élan doit se maintenir notamment dans la randomisation de Doubase C et Manacovid en vue de leur reconnaissance internationale comme traitement contre la Covid-19.

C’est ce qu’a rapporté Patrick Muyaya, Ministre de la Communication et médias et Porte-parole du Gouvernement, dans son compte-rendu de la 20ème réunion du Conseil des ministres du vendredi 17 septembre 2021.

Le Gouvernement de la RDC se frotte les mains en aval et ignore tout ce qui se passe en amont : Le financement de la recherche scientifique. Comme tout le monde le sait, ce secteur est le Parent Pauvre de la vie nationale.

Avant de parler d’une grande victoire scientifique, le Gouvernement devrait penser à mettre la main dans ses poches pour soutenir la recherche scientifique. L’argent c’est le nerf de la recherche scientifique. Sans l’argent, Dr Jean- Jacques Muyembe n’aurait rien fait. « Ebanga » est le fruit du financement de ses travaux pour aboutir à ce résultat. Il en est de même de Doubase C et Manacovid, produits par d’autres chercheurs congolais.

Quand, à Berlin, devant la chancelière allemande, Angela Merkel, le Président Félix Tshisekedi proposait le recours aux médicaments produits par les africains, il ne devrait pas ignorer que cette production scientifique avait non seulement un soubassement intellectuel, mais également financier.

Des voix se sont pourtant élevées sans succès pour demander le financement de la recherche scientifique en RDC. La dernière en date est celle du Président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso Nkodia, qui avait, à l’ouverture de la session ordinaire du mois de septembre 2021, précisément le mercredi 15 septembre 2021, exhorté le Gouvernement à financer nos compatriotes qui ont contribué de façon déterminante à la recherche et la production des médicaments contre la pandémie de Covid-19.

 Les acteurs politiques changent en RDC, mais leur comportement vis-à-vis du financement de la recherche scientifique, n’a guère évolué. Il reste intact et nocif pour un secteur sinistré.

La Conférence nationale souveraine (CNS) avait, en 1992, fait ces constats : Le financement de la recherche par le budget de l’Etat n’offre pas de garantie étant donné une exécution du budget entachée d’irrégularités, de lourdeur et de coupure intempestives ; le budget annuel alloué à la recherche scientifique et technologique est trop modique et surtout insuffisant pour financer un programme sérieux de recherche. En effet, plus ou moins 0,9% d’un budget national étriqué ne représente presque rien quand on sait que sous d’autres cieux, le pourcentage alloué à la recherche se situe à un niveau élevé par rapport au budget national. C’est le cas du Japon (7%) ; le budget de recherche scientifique et technologique reste de loin inférieur à la norme internationale recommandée par l’UNESCO et dont le minimum se situe au niveau d’au moins 2,5% du budget national ; ceci expliquant cela, les centres et instituts de recherche se trouvent dans l’impossibilité de fonctionner et d’investir d’une manière performante dans des programmes de recherche….

Dans ses propositions, la CNS avait recommandé que le pourcentage du budget alloué à la recherche scientifique et technologique soit relevé au niveau de 5% du PNB, de manière à rattraper les retards accumulés dans ce domaine et à se conformer aux normes internationales recommandées par l’UNESCO en la matière ; réviser la loi financière afin que la gestion financière revienne aux centres (instituts) et non au Ministre qui se trouve à la fois juge et partie en ce qu’il est à la fois homme politique et gestionnaire de crédits ;…

13 ans après, les Etats généraux de la recherche scientifique et technologique avaient fait les mêmes constats et  recommandé l’accroissement progressif du budget de la recherche allant de 0,05% à 1% du PNB selon les engagements de la RDC dans les assises internationales.

Si la CNS avait demandé 5% du PNB, les Etats généraux avaient revu à la baisse en demandant qu’on arrive progressivement à 1% du budget national, suite à la modicité du budget alloué à la recherche scientifique

Toutes ces voix ont crié dans le désert jusque-là et le Parent Pauvre de la vie nationale reste toujours pauvre, mais cela n’empêche pas les auteurs de sa pauvreté de se réjouir de ses résultats même s’ils n’ont rien fait.

JR Bompolonga

NB: La photo à la Une est de l’INRB

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