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RDC : La percée du Lingala pose problème au Kongo Central

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Le pont Marechal à Matadi

« Eu égard à ce qui précède, dès cette nouvelle année pastorale qui commence le 1er septembre 2023, est interdit l’usage du lingala pour la prédication et la célébration de la messe dans toutes les paroisses du Diocèse de Matadi. Aucun motif, ni même la présence des chrétiens d’autres diocèses, ne peut déroger à cette interdiction », écrit Mgr André Giraud Pindi, Evêque du diocèse de Matadi, dans sa lettre pastorale du 15 août 2023.

Auparavant, l’évêque a écrit : « Je viens ici exprimer la grande anxiété de beaucoup de nos fidèles catholiques au Diocèse de Matadi qui voient disparaître de plus en plus le kikongo dans les célébrations eucharistiques en faveur des prédications en lingala »

L’évêque de Matadi a le mérite de mettre par écrit un problème sérieux qui se pose au Kongo Central, et peut-être dans bien d’autres provinces du pays, celui de la percée du lingala au détriment des langues locales.

Bien des intellectuels de la province du Kongo Central redoutent depuis plusieurs années la disparition de Kikongo au profit du lingala.

Il y a déjà plus d’une dizaine d’années, quelques intellectuels se plaignaient du fait que les enfants à Mbanza-Ngungu parlaient couramment le lingala et comprenaient à peine quelques mots de la langue locale.

Etant la province la plus proche de Kinshasa, le Kongo Central souffre davantage de la percée du lingala que d’autres provinces. Sur plusieurs kilomètres dans cette province, l’usage du lingala est plus courant que celui du kikongo.

C’est un combat difficile que l’évêque de Matadi vient d’initier. Car après les célébrations eucharistiques, maints habitants du Kongo Central, pas seulement à Matadi, parleront le lingala au sortir même de la messe. C’est devenu naturel pour eux.

Si l’armée a permis l’expansion du lingala à travers le pays, aujourd’hui il y a aussi et surtout la musique congolaise. Kinshasa, où le lingala est roi, a la plus grande production musicale du pays. Celle-ci est bien suivie à travers toutes les grandes villes du pays.

En outre, comme la route nationale reliant Kinshasa à Matadi est une route marchande, les activités commerciales se passent souvent en lingala car ce ne sont pas seulement les Ne Kongo qui descendent dans le Kongo Central.

Personne ne veut la disparition du kikongo, mais évincer le lingala au Kongo Central devient un problème épineux.

JRB

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