RDC : La Clinique des plantes en guerre contre les pesticides
3 min readLa majorité des pesticides toxiques interdits en Europe continuent à être fabriqués et expédiés en Afrique, a déclaré la Directrice de la Clinique des Plantes, Lyna Mukwa (photo), le vendredi 2 septembre 2022 à la salle de conférence de l’Académie des Beaux-Arts. Elle intervenait dans le cadre de la « Caravane du film alimenTerre » que la Clinique des Plantes organisait en collaboration avec ses partenaires.
L’objectif général de cette caravane est de contribuer au développement d’une citoyenneté engagée pour le renforcement de la protection de l’environnement et la santé des populations, face à une utilisation abusive des pesticides interdits et dangereux dans le maraichage en EDC.
Son objectif spécifique est d’informer et sensibiliser les acteurs ciblés autour des enjeux et de l’impact des pesticides interdits et dangereux sur la santé et l’environnement, pour faire évoluer les comportements et renforcer les règles nationales d’importation et de distribution de ces intrants chimiques.
A cette fin, l’assistance a suivi deux films à savoir « Le Congo face au danger des pesticides » et « Vivre dignement de sa terre ». Le dernier film se passe au Sénégal où l’agriculture se portait bien jusqu’au moment où l’Occident, avec l’aide du Gouvernement, est arrivé avec ses pesticides.
La directrice de la Clinique des plantes a souligné que la RDC est un vaste pays à vocation agricole. Depuis un temps la production agricole s’appuie sur les pesticides avec des matières organiques retirées du marché. Si nous continuons sur cette lancée nous courrons vers une catastrophe alimentaire et écologique.
Sur le même registre, Mireille Mishikwabo, représentante de S.O.S Faim, a affirmé qu’il y a un usage abusif des pesticides à Kinshasa et au Kongo Central. En 2020, son association s’est rendue compte que ce problème devenait préoccupant. Plus de 80% des maraichères ne respectent pas les prescrits des pesticides.
Elle a ajouté que sur 128 maraîchers interviewés 25% ne savaient même pas les pesticides qu’ils utilisaient. De ce fait nous devons déceler ensemble les alternatives adaptées pour remédier à cette situation.
Pour y remédier, la Professeure Lyna Mukwa propose les biopesticides qui sont des substances chimiques et des agents antiparasites issus des sources naturelles comme des bactéries, des champignons, des virus, des plantes, des animaux et des minéraux.
La directrice de la Clinique des plantes est convaincue que les biopesticides constituent une alternative au stade actuel.
Quel est alors le rôle de l’Office congolais de contrôle (OCC) quand les pesticides interdits en Europe sont abondamment utilisés en RDC ? Cette question a été soulevée dans la salle. La professeure a indiqué que l’OCC ne contrôle qu’à l’extérieur pas à l’intérieur et en outre il n’a pas l’expertise nécessaire à cette tâche.
Pour elle, le pays doit mettre sur pied un office de contrôle des chaînes alimentaires qui va les examiner à partir du semis jusqu’à la récolte.
Les enseignants et étudiants de la faculté d’Agronomie de l’Université pédagogique nationale (UPN), quelques paysans conduits par leur présidente, Mme Espérance Nzuzi, et d’autres invités ont pris part à cette activité. Les initiateurs ont promis de faire passer la caravane chez les décideurs, notamment les députés, les sénateurs et les ministres.
A la fin de la séance, la Clinique des plantes et ses partenaires ont procédé à la collecte des signatures pour une pétition contre l’utilisation des pesticides de synthèse et en faveur des pratiques agroécologiques.
JRB