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Que peut-on attendre des universités de la RDC pour le développement du numérique au pays ?

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Dans une déclaration à une radio à Kinshasa, Thomas Luhaka alors ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire, avait déclaré en août 2020 qu’aucune université de la RDC ne figure parmi les 200 meilleures universités africaines. Alors que peut-on attendre des universités pour le développement du numérique en RDC ?

Cette question a été posée par un journaliste le jeudi 4 janvier 2023 à l’Université Loyola du Congo (ULC), dans la commune de Mont Ngafula, où la faculté d’Ingénierie avait organisé la 7ème Conférence annuelle sur le thème « La RDC face aux technologies émergentes : Science des données, Intelligence Artificielle (IA) et Internet des Objets (IdO) dans l’Agriculture ».  Le premier intervenant, Dr Philippe Faradja Vyaombe (Photo) de l’ULC, avait exposé sur « la préparation/impréparation de la RDC aux technologies émergentes : Intelligence artificielle et Internet des objets en agriculture ». En se basant sur le Programme national du numérique (PNN), il a démontré que le pays n’est pas assez avancé dans les technologies émergentes.

Pour répondre à la préoccupation soulevée par le journaliste, Dr Philippe Faradja a répondu en ces termes : « La vision de l’université doit changer au niveau des dirigeants. Il faut souligner que l’université en RDC a été lancée par l’Eglise, l’Etat est venu après. Je pense que les universités doivent prendre le leadership dans certains domaines au pays, mais il ne faut pas oublier que les financements des universités congolaises sont limités ».

Dr Evariste Likinda

Après Dr Philippe Faradja, c’est le Dr Evariste Likinda, ancien vice-doyen de l’Université de Mbandaka et membre du Comité international de bioéthique et président du Comité national de bioéthique, qui avait pris la parole et s’est ainsi exprimé : « C’est quelque chose à prendre au sérieux. Notre gouvernement doit être sérieux. Quand le feu Professeur Mashako Mamba était ministre de l’Enseignement université et supérieur, il avait initié une mission d’identification des universités du pays. J’étais membre de cette mission et nous avons recensé 102 universités. Je pense qu’il faut réduire le nombre des universités et soutenir celles qui peuvent fonctionner. Nous devons mettre du sérieux dans la formation et de la rigueur dans l’évaluation. Il nous faut nous prendre au sérieux au lieu de continuer dans la complaisance ».

Le Professeur, Docteur et Ingénieur Kapita Patrick, Doyen de la faculté Informatique de l’Institut supérieur de techniques appliquées (ISTA), a aussi réagi par rapport à cette question : « L’université a trois missions, à savoir l’enseignement, la recherche et le service à la société. L’université publique doit être financée. Le budget annuel de l’Université libre de Bruxelles est de 4 millions d’euros. En RDC, quel est le budget que l’Etat donne aux universités publiques ? L’Etat doit mettre les moyens pour le développement parce que nous sommes l’élite, le cerveau de l’Etat. Qu’est-ce que vous pouvez attendre des établissements où il n’y a pas de laboratoire, pas d’équipement, pas de publication… ? Thomas Luhaka en sa qualité de ministre, donc en étant membre du gouvernement à l’époque, devrait aussi dire ce qu’il envisageait de faire pour permettre aux universités congolaises de se retrouver parmi les 200 meilleures universités africaines ».

La question demeure pertinente. L’occupant actuel du ministère de l’Enseignement supérieur et universitaire et les futurs occupants de ce ministère doivent mettre comme un défi le relèvement du niveau des universités congolaises.

Jean-René Bompolonga

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