Prof Mpiana : « L’opinion nationale doit retenir qu’il y a plus du génie au Congo que ce que nous tous nous pouvons imaginer »

Que doit retenir l’opinion congolaise de la tenue du Conclave du génie scientifique congolais ? Le Papyrus a invité le Professeur Pius Mpiana, Président du Comité scientifique national, à répondre à cette question afin de permettre à l’opinion nationale d’avoir une idée précise sur ce conclave qui s’est tenu du 19 au 24 août 2023 au Palais du peuple. Ci-dessous ce qu’a écrit le Professeur Mpiana :

L’opinion nationale doit retenir qu’il  y a plus du génie au Congo que ce que nous tous nous pouvons imaginer. Tous les évaluateurs étaient des professeurs d’université mais nous avons été  éblouis par ce que nous avons entendus et vus. Nous avons réellement beaucoup appris.

Si l’État s’implique réellement nous pouvons espérer développer notre pays à partir des connaissances endogènes. Il y a déjà quelques avancées, le Fond national d’appui à la recherche prévu depuis 1982 dans l’ordonnance- loi qui a créé le ministère de la recherche venait d’être créé par décret du Premier Ministre et nous avons demandé que ses structures soient mises en place rapidement car il est prévu au budget 2024.

Dans ce budget la part du Ministère de la Recherche scientifique et Innovation technologique (MRSIT) était à 0,5%, le Président de République a donné les instructions pour qu’elle soit amenée   à 3% soit 600% d’augmentation. C’est déjà bon car nous avons demandé 7%. Cela peut aller progressivement.

Mais ce qui est important ce que les organes de contrôle des finances de l’État puissent veiller à ce que le budget soit réellement exécuté et que les fonds décaissés puissent réellement faire ce à quoi ils sont destinés. Si on applique rigoureusement ce budget beaucoup de choses peuvent commencer à changer. Il faut dire aussi que le conclave a mis en place une structure pour aider tous ceux qui ont été présélectionnés à faire leur business plan pour pouvoir chercher des subventions ou financements à travers les organes qui existent déjà notamment au Ministère des PME qui a déjà commencé à recevoir quelques innovateurs.

Je sens que la volonté y est cette fois-ci, mais c’est une affaire à nous tous, nous devons chacun faire sa part et bousculer les choses pour que nous puissions avancer dans la bonne direction. S’il n’y avait pas eu ce conclave, le budget de la  recherche qui avait atteint presque 0,97% en 2023 allait être ramené à 0,5% en 2024.  Il convient aussi  de dire que comme partout au monde l’État seul ne saurait couvrir tous les besoins de la recherche et innovation, il faut renforcer les capacités des chercheurs pour qu’ils soient à mesure de capter les fonds de recherches internationaux car ils sont très compétitifs. Il faut pour cela que l’État puisse mettre un minimum d’infrastructures et moyens financiers pour permettre aux filles et fils du pays de devenir compétitifs.

Il est absolument important de soutenir tous ceux qui font quelques innovations par leurs propres moyens et ils sont très nombreux. La plupart n’étaient pas bien informés de la date de début du conclave et sont en train de nous contacter, le MRSIT a décidé de mettre en place un mécanisme pouvant permettre de les former à faire leurs plans d’affaires car les privés peuvent aussi s’intéresser à leurs innovations.

Il ne faudra pas non plus oublier que les recherches fondamentales doivent absolument être encouragées et soutenues par les structures étatiques. La recherche dans les institutions d’enseignement supérieur doit donc être encouragées, le ministère de l’ESU a dernièrement instauré des secrétariats généraux à la recherche, il faut que là aussi les moyens suivent.

Professeur Pius Mpiana Tshimankinda