L’Etat congolais appelé à cesser de naviguer à vue en ce qui concerne la gestion des ponts
4 min readLe pont Lubi, situé dans le territoire de Kabeya-Kamuanga à environ 40 km de la ville de Mbuji-Mayi, dans la province de Kasaï Oriental, s’est effondré le dimanche 26 mai 2024. Selon plusieurs sources d’information, la cause de l’effondrement serait le tonnage excessif d’un véhicule et l’état vétuste du pont.
De son côté, la Nouvelle société civile congolaise (NSCC) du secteur de Ruwenzori dans le territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu a alerté le même dimanche 26 mai 2024 sur le délabrement du pont jeté sur la rivière Lume au niveau du village de Balombi à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Beni. Cette structure non gouvernementale explique cette situation par le fait que depuis un certain temps, le pont est en train d’être rongé par les eaux de la rivière qui porte le même nom, parce qu’il pleut abondamment dans la zone. Les eaux commencent à ronger les supports de ce pont. Et malheureusement, ce pont jeté sur une route nationale est en bois. C’est depuis longtemps que ce pont avait cédé, mais on continue à le garder jusqu’à présent.
Sur le plan institutionnel l’Office des Routes (OR) est le responsable de l’entretien et de l’inspection des ponts routiers. A cet effet, l’office doit procéder à des visites régulières d’observation notamment des inspections visuelles pour identifier les signes de dommages ou de détérioration ; à des inspections détaillées c’est-à-dire des inspections approfondies utilisant des outils et des techniques spécialisés pour évaluer la condition du pont ; à des essais de charge pour vérifier la résistance du pont aux charges réelles ou anticipées.
La fréquence des inspections varie en fonction du type de pont, de sa localisation et de son importance.
Faut-il tirer à boulets rouges sur l’Office des routes (OR) face à cette situation ? L’argent constitue les nerfs de la guerre. Est-ce que l’OR est financièrement parlant outillé pour faire face à ces tâches ?
Selon certaines indiscrétions, l’office manque de financement et d’équipement et cela entrave la fréquence et la qualité des inspections ; il a un nombre insuffisant d’ingénieurs et de techniciens qualifiés pour effectuer des inspections approfondies ; les ponts situés dans des zones reculées ou dangereuses sont difficiles à inspecter.
Face à cette situation, le Gouvernement congolais est appelé à cesser de naviguer à vue dans la gestion de la chose publique. En ce qui concerne les ponts par exemple, dans les coins les plus reculés du pays, bien des ponts construits par les colons sont dans un état d’abandon et délabrés et d’autres ont tout simplement disparus.
Dans un pays qui a la taille d’un continent où les réseaux ferroviaire, fluvial et lacustre laissent à désirer, l’Etat congolais est impérativement condamné à mieux gérer son réseau routier et surtout ses ponts et chaussées . Dans plusieurs coins du pays, les ponts effondrés ou en sursis sont nombreux.
Il semble en outre qu’il existe une faible sensibilisation du public à l’importance du contrôle des ponts et à la sécurité routière. La cause de l’effondrement serait le tonnage excessif d’un véhicule et l’état vétuste du pont. Si le chauffeur et la population présente sur les lieux maîtrisaient bien les enjeux de ce pont, ils auraient arrêté le passage de ce véhicule et le pont serait peut-être aujourd’hui en vie pour permettre la poursuite d’autres trafics. Malheureusement, il se constate que face à de telles situations, le chauffeur et ceux qui l’accompagnent tiennent à tout prix à passer en affirmant qu’il n’y aura aucun problème. Et le mal est vite arrivé.
Même si l’on place des agents de l’ordre pour réguler le trafic sur ce pont, comme la corruption a encore de beaux jours en RDC, ce véhicule malgré son fort tonnage serait tout de même passé.
La Nouvelle société civile congolaise du secteur de Ruwenzori dans le territoire de Beni vient de lancer l’alerte sur le pont jeté sur la rivière Lume. Chapeau bas à cette structure, mais reste à savoir si l’OR aura des moyens et à temps pour y faire face. Selon bien des Congolais, les autorités attendent que le mal devienne assez profond pour débloquer plus de fonds afin que leurs poches se retrouvent aussi dans ces opérations. Une chose est certaine que l’alerte a été déjà lancée et que d’autres structures non gouvernementales sont invitées à faire la même chose à travers le pays pour sauver ce qui peut l’être afin de permettre à la population de vaquer à ce qui lui reste comme occupations face au délabrement des réseaux routier, ferroviaire, fluvial et lacustre.
JRB