Le vaccin contre Mpox et la campagne de désinformation
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Suite à certains enseignements de quelques communautés religieuses sur les vaccins en général et à certaines publications sur les réseaux sociaux sur les vaccins contre le Covid 19, ses méfaits et ses effets secondaires, une bonne tranche de la population se décide de refuser le vaccin contre la variole de singe. La réalité est que l’on doit pas faire totalement confiance aux firmes pharmaceutiques.
Par définition, les vaccins sont des produits biologiques qui, une fois administrés dans un organisme donné, stimulent le système immunitaire pour produire des anticorps spécifiques, de la même manière que s’il était exposé à la maladie. Mais comme les vaccins ne renferment que des formes tuées ou atténuées des germes, virus ou bactéries, ils ne provoquent pas la maladie et n’exposent pas le sujet à des risques de complications. La vaccination est à cet effet, l’administration d’un agent antigénique, le vaccin, dans le but de stimuler le système immunitaire d’un organisme vivant afin d’y développer une immunité adaptative contre un agent infectieux donné. Se faire vacciner, c’est introduire dans l’organisme humain ou animal, un microbe rendu inoffensif afin de stimuler la mémoire immunitaire puisque certaines maladies n’ont pas des traitements. Pour ce faire, la prévention est très importante dans ce cas. Ne dit-on pas qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Toutefois, il est à noter que chaque organisme réagit d’une façon manière ou d’autre à l’administration des médicaments et des vaccins. La gravité de toutes ces différentes réactions varient d’un individu à un autre. Ce sont ce que l’on appelle des effets secondaires. Des études prouvent que les statistiques des effets bénéfiques du vaccin sont autour de 90-93% et les effets secondaires réels sont dans la fourchette restante.
L’Organisation mondiale de la santé estime que la vaccination est l’une des interventions sanitaires les plus efficaces et les plus économiques. Elle a permis d’éradiquer la variole, de réduire de 99 % à ce jour l’incidence mondiale de la poliomyélite et de faire baisser de façon spectaculaire la morbidité, les incapacités et la mortalité dues à la diphtérie, au tétanos, à la coqueluche, à la tuberculose et à la rougeole. La rage est aussi maitrisée grâce à la vaccination. Plusieurs maladies animales et zoonotiques (qui peuvent se transmettre de l’animal à l’homme et vice-versa) sont prévenues depuis des siècles par la voie vaccinale.
Il existe deux grands types de vaccins : les vaccins vivants atténués et les vaccins inactivés. Les vaccins vivants atténués sont constitués de germes (virus, bactérie) vivants qui ont été modifiés afin qu’ils perdent leur pouvoir infectieux en gardant leur capacité à induire une protection chez la personne vaccinée. Tandis que les vaccins tués sont constitués de germes (virus, bactérie) qui sont tués mais peuvent activer le système immunitaire à produire les anticorps chez la personne vaccinée. Les vaccins multivalents ou combinés associent des combinaisons d’antigènes, permettant de cibler plusieurs maladies différentes en un seul vaccin (par exemple Rougeole-Oreillons-Rubéole ou Diphtérie-Tétanos-Poliomyélite-Coqueluche-Hib-Hépatite B). Ces vaccins permettent de diminuer le nombre d’injections et d’augmenter la couverture vaccinale.
La science a développé durant ce siècle plusieurs autres types de vaccins sans agents infectieux. Cette grande famille est produite sans aucun agent infectieux sont les vaccins à ARN, les vaccins à ARN messager et les vaccins à ADN, qui se révèlent très prometteurs et très adaptables face aux mutations des virus.
1. Le vaccin contre la variole du singe (Mpox)
Le Mpox est un virus apparenté à la variole humaine, mais moins sévère. Bien que le virus se transmette par contact étroit, la vaccination est un moyen efficace de prévenir la maladie. Le vaccin principal utilisé est le Jynneos (Imvamune ou Imvanex), un vaccin à base de virus vivant non réplicatif. Il a été approuvé pour protéger contre la variole du singe et la variole humaine. Cette maladie est apparue depuis plus d’une vingtaine d’années mais on l’a négligé. Ce vaccin contre la variole du singe (Mpox) est donc un outil important dans la lutte contre cette maladie, surtout après la résurgence des cas en 2022. La réticence envers ce vaccin, souvent influencée par des campagnes de désinformation sur les réseaux sociaux à propos des vaccins COVID-19, nécessite une meilleure compréhension et des réponses adaptées.
2.Sécurité du vaccin :
Tout vaccin, avant d’être mis sur le marché, subit plusieurs essais cliniques et co ntrôles. Il s’agit de : test de pureté, de stérilité, d’innocuité, d’efficacité et des essais in vitro et in vivo. Ces contrôles se font en interne mais aussi chaque pays est sensé avoir une structure puissante de contrôle indépendante. Pour le Mpox :
Efficacité : Les études ont montré que le vaccin est efficace pour prévenir la variole du singe, en particulier si administré avant ou peu après l’exposition.
Effets secondaires : Comme avec tout vaccin, des effets secondaires peuvent se produire, mais ceux-ci sont généralement légers, tels que des douleurs au site d’injection, de la fatigue ou de la fièvre légère. Les effets secondaires graves sont rares.
La vaccination joue un rôle crucial dans la prévention de la propagation du Mpox, surtout dans les populations à risque, notamment les personnes en contact étroit avec des cas confirmés ou les groupes vulnérables. Ignorer la vaccination peut exposer les individus et leurs proches à un risque accru de contracter et de propager la maladie.
La résistance aux vaccins, exacerbée par des désinformations concernant la COVID-19, peut sérieusement compliquer la lutte contre d’autres maladies, y compris le Mpox (variole du singe).
Les réseaux sociaux ont servi de plateforme pour diffuser des informations erronées sur les vaccins, en utilisant souvent des récits alarmistes sur les effets secondaires graves qui ne sont pas représentatifs de la réalité. Pour une riposte efficace, il est important d’adopter une approche multidimensionnelle basée sur les points suivants :
1. Renforcer la communication et la sensibilisation
Campagnes d’information basées sur la science : Il est crucial de clarifier les faits sur la sécurité et l’efficacité du vaccin contre la variole du singe à travers des messages clairs et simples. Utiliser des données scientifiques et des preuves récentes pour contrer les idées fausses.
Approche communautaire : Travailler avec des leaders locaux, religieux ou influents dans les communautés pour diffuser des informations crédibles sur les avantages du vaccin et la gravité de la maladie. Ceux-ci sont plus écoutés car ils vivent dans la communauté et connaissent les opinions influentes.
Réseaux sociaux : Utiliser ces plateformes pour diffuser des informations positives et vérifiées sur le vaccin, en combattant les fausses informations.
2. Engager les professionnels de santé
Formation des professionnels de la santé : S’assurer que les professionnels de la santé sont bien informés des avantages du vaccin, de ses effets secondaires potentiels et des manières d’apaiser les craintes des patients.
Établir la confiance : Encourager les professionnels de santé à devenir des ambassadeurs de la vaccination, en partageant leur propre expérience et en répondant directement aux inquiétudes des patients.
3. Accès facile au vaccin
Rendre le vaccin facilement accessible : Assurer des centres de vaccination dans des endroits accessibles et développer des initiatives mobiles de vaccination pour atteindre les zones reculées.
Gratuité ou coût réduit : Offrir le vaccin gratuitement ou à faible coût pour éliminer les obstacles financiers.
4. Transparence et surveillance des effets secondaires
Transparence totale : Partager ouvertement les informations sur les éventuels effets secondaires du vaccin, tout en mettant en avant que les bénéfices l’emportent largement sur les risques.
Surveillance continue : Mettre en place un système de surveillance robuste des effets secondaires pour rassurer le public que chaque réaction est prise au sérieux et traitée.
5. Partenariat avec les médias
Responsabilisation des médias : Travailler avec les médias traditionnels pour corriger les fausses informations et diffuser des messages exacts.
Vérification des faits : Encourager les journalistes à vérifier les sources et à éviter de partager des rumeurs ou des informations non fondées.
6. Approche éthique et non coercitive
Respect des choix individuels : Tout en encourageant fortement la vaccination, il est important de respecter les décisions des individus. Éviter les stratégies coercitives pour ne pas créer de méfiance. Il faut donc respecter les inquiétudes des gens tout en leur fournissant les bonnes informations pour les aider à prendre des décisions éclairées.
Débats publics : Encourager des discussions ouvertes où les préoccupations peuvent être abordées de manière transparente.
Conclusion
En résumé, une réponse efficace à la résistance contre le vaccin contre la variole du singe doit allier communication scientifique, transparence, confiance des professionnels de santé et accès facile à la vaccination. Selon l’OMS, le vaccin contre la variole du singe est sûr et efficace pour prévenir une maladie potentiellement dangereuse. Bien que les réticences influencées par les polémiques sur les vaccins COVID-19 soient compréhensibles, il est crucial de s’appuyer sur des données scientifiques et des informations validées pour faire des choix de santé éclairés.
Jean Pierre Matondo