Le Prof Kizungu explique comment tansformer une exploitation de savane de 1 hectare en terrain à vocation forestière et nourrir 15 ménages

Le Professeur Roger Kizungu était le lundi 5 décembre 2022 à l’Université de Kinshasa pour animer une conférence dans le cadre de la Journée internationale de l’arbre. Le Papyrus vous propose l’essentiel de son message dans les lignes suivantes :

La journée internationale de l’arbre est célébrée le 5 décembre en République Démocratique du Congo. Elle précède la saison sèche chaude qui commence en janvier pour l’hémisphère sud, spécialement à Kinshasa. Elle impose un aménagement particulier des trous de plantation pour permettre à l’arbre de surmonter le stress hydrique et de se nourrir, le temps que les racines atteignent la profondeur sans stress nutritif.

Le Département de Gestion des Ressources Naturelles de la Faculté des Sciences Agronomiques et Environnement de l’Université de Kinshasa et le Programme de Gestion et Conservation des Ressources Naturelles de l’INERA conseillent un trou de 60cm x 60cm x 60cm dont la première couche de 10 cm sera constituée de la matière organique riche en carbone (feuilles sèches, brindilles), la deuxième couche de 10 cm sera le sol de surface, la troisième couche de 10 cm sera en matière organique riche en azote (Tithonia ou Chromolaena frais mélangé à la fiente de poule), la quatrième  couche de 20 cm sera le sol et la cinquième couche de 10 cm sera le paillage.

Par ailleurs, les forêts, selon la FAO, sont des terres occupant une superficie de plus de 0.5 hectare (5000 m²) avec des arbres atteignant une hauteur supérieure à 5 m et un couvert forestier de plus de 10% ou avec des arbres capables de remplir ce critère. (FAO).

Et donc, un exploitant qui dispose d’un hectare peut dédier la moitié à la formation d’un espace forestier en plantant jusqu’à 800 arbustes à la densité 2.5m x 2.5m ou 600 arbustes à la densité 3m x 3m ou 100 arbres à la densité 7m x 7m.

Depuis 2016, la Ferme d’Application des Résultats de la Recherche (FARRE, 1 hectare)) conserve la biodiversité résiduelle de plus d’une trentaine d’espèces dont les fruitiers et les légumineuses sauvages. En 2017, elle a planté plus de 250 cacaoyers (Theobroma cacao). Elle a installé le 5 décembre 2018 une centaine de gros arbres et arbustes fruitiers dont une quarantaine tous les 10 m sur la bordure et une cinquantaine à l’intérieur.

Ce 05 décembre 2022 la ferme a les prémisses des manguiers et safoutiers de 2018 et a installé à l’occasion de cette journée internationale de l’arbre 8 pommes cythères (Spondias dulcis), 5 avocatiers (Persea americana), 10 sauvageons de goyaviers (Psidium guajava), 15 papayers (Carica papaya), 20 sauvageons d’acacias (Acacia auriculiformis), et 6 cacaoyers (Theobroma cacao).

La ferme ne se dégrade pas mais s’aggrade. D’un espace de savane, elle se mue en un espace forestier, une forêt plutôt comestible.

Roger Vumilia KIZUNGU

Maître de Recherches, INERA

Professeur, Faculté des Sciences Agronomiques et Environnement, UNIKIN