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Le Prof. Godefroid Mwamba résume son ouvrage intitulé « Manuel des Institutions politiques de la République démocratique du Congo »

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Le Papyrus vous présente le résumé d’un autre ouvrage du Professeur Godefroid Mwamba Mantanzi, intitulé «  Manuel des INSTITUTIONS POLITIQUES DE LA REPBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ». Préfacé par le Professeur émérite Jean-Pierre LOBHO Lwa DJUGDJUGU, l’ouvrage a été publié aux   Editions MES – Kinshasa/RDC, en février 2019. L’auteur fait une lecture rationnelle des institutions de la RDC depuis l’indépendance du pays à ces jours et met à nu une situation dans laquelle nul ne peut être heureux de la marche actuelle du pays. Ci-dessous le résumé du Prof. Mwamba:  

Cinquante-neuf ans après l’accession de la République Démocratique du Congo à sa souveraineté nationale et internationale le 30 juin 1960, son système politique reste caractérisé par une instabilité institutionnelle qui tire ses racines essentiellement dans des crises de légitimité récurrentes.   Cette instabilité se cristallise notamment à travers la multiplicité et le foisonnement des textes constitutionnels dont la plupart sont modifiés systématiquement pour aménager des acteurs au pouvoir. On en compte à ce jour exactement neuf auxquels il faut associer certains accords à valeur constitutionnelle.

Oui, les crises récurrentes de légitimité sont l’alpha et l’oméga de l’instabilité institutionnelle en RDC depuis son indépendance à ce jour même si certains analystes la justifient en l’insérant dans la dynamique de l’évolution de l’environnement politique globale, comme si les Etats-Unis d’Amérique, par exemple, qui n’auront expérimenté à peine qu’une seule et brève Constitution, avec seulement une vingtaine d’amendements en 242 ans environ, naviguaient à contre-courant de ce dynamisme. Ces crises sont fondatrices des constitutions et les institutions qui en découlent qui, à leur tour, alimentent d’autres crises dans une logique de cercle vicieux.

En effet, c’est de la révolte des Congolais contre le maître colon le 4 janvier 1959, en passant par la lutte effrénée de postures de 1960 entre le Président de la République (KASA-VUBU) et ses Premiers Ministres successifs (LUMUMBA d’abord et TCHOMBE ensuite), de la dictature de plus de trente ans entretenue par le Maréchal MOBUTU, des contradictions politiques de la période de transition d’entre 1990 et 1997, de la rébellion – révolution de l’AFDL avec le Président L.D. KABILA, du régime de transition découlant de l’Accord Global et inclusion de Sun City de 2002 (1+4), de la prise du pouvoir autoritaire par Joseph KABILA à travers ses trois mandats à la magistrature suprême sur fond de l’assassinat de Mzee KABILA dont les ramifications se manifestent encore dans l’élection très contestée et trop controversée de Félix Antoine TSHILOMBO TSHISEKEDI que procèdent la dizaine des Constitutions et accords politiques à valeur constitutionnelle, qui eux-mêmes engendrent d’autres crises que la RDC aura connues depuis son indépendance.

Par ailleurs, l’étude des institutions politiques de la RDC est une illustration manifeste de l’écart entre le fait (politique) et le droit, c’est-à-dire entre ce qui devait être et ce qui est, mieux entre les prévisions constitutionnelles (théoriques) et la pratique (réalité de terrain) des institutions. Car le vécu quotidien des institutions en RDC ne dénote pas toujours les prévisions constitutionnelles. Au contraire, pendant que certaines institutions prévues par la Constitution ne sont pas actionnées ou ont des difficultés pour fonctionner normalement, bien d’autres surgissent pour régenter la vie institutionnelle. Le fonctionnement réel du système politique est ainsi obligé de s’adapter au gré des vagues politiques conjoncturelles. C’est ce qui explique le tâtonnement observé au fil du temps tant au niveau de l’idéologie politique, de la forme de l’Etat, du régime politique que de ses institutions.

En ce qui concerne l’idéologie politique, la démocratie qui semble, de tout temps, traduire le mieux les vœux de la majorité des populations congolaises, est régulièrement escamotée par les dérives autocratiques qui finissent par la surplomber.  Quant à la forme de l’Etat, l’unitarisme (centralisé et/ou décentralisé voir déconcentré) se trouve systématiquement dans un challenge grossier avec le fédéralisme qui frise la confusion sur terrain traduit par le régionalisme politique exprimé dans la Constitution de 2006.

Conséquemment, les ambitions ouvertes du peuple congolais en faveur du parlementarisme comme régime politique se mue presque automatiquement vers les dictatures en passant par le semi-présidentiel ou semi-parlementaire, le présidentiel et le présidentialisme voire les combines sournoises de régime rendu par le « 1 + 4 ». Les institutions qui en découlent se font, se défont et se substituent sur fond des crises aux termes des arrangements politiques, au grand mépris des prescrits constitutionnels pour ainsi consacrer l’instabilité institutionnelle qui mine non seulement le pacte démocratique et constitutionnel, mais aussi celui républicain et national.

Le chemin de la révolution institutionnelle à parcourir pour la refondation de tous ces pactes pourrait encore sembler tortueux et long mais l’espoir est permis. Cinquante-neuf ans paraissent énormes pour la maturation effective d’un être vivant mais ça me semble tout aussi logique pour l’évolution normale d’une révolution lorsqu’il faut se référer aux parcours notamment de la révolution française et celle américaine. Qui vivra verra, dit-on.

Professeur Godefroid Mwamba Matanzi

 

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