Kinshasa : Une étude révèle que c’est au niveau du détaillant que se retrouve le pain le plus contaminé
3 min read« Les résultats obtenus ont indiqué une contamination élevée des échantillons par des germes totaux et fécaux comme Escherichia coli, Staphylocus aureus… et par des champignons comme Candida albicans, Penicillium, Rhizopus et Aspergillus, et que c’est au niveau du détaillant que se retrouve le pain le plus contaminé »
C’est le résultat d’une étude intitulée « Analyse de la qualité microbiologique du pain commercialisé et consommé en l’état à Kinshasa (RD Congo », publiée en 2018 par les chercheurs JM Umba, TN Masimango, JC K Kashala, CN Kusika et PN Musay.
Ils ont ajouté dans leur conclusion que « cette contamination augmente avec la durée d’exposition du pain ainsi que sa teneur en eau. Ces résultats dénotent que les consommateurs sont exposés à des risques très élevés d’attraper des maladies infectieuses dont les agents causaux ont été dénombrés et identifiés ».
Le but de cette étude était d’évaluer la qualité microbiologique des pains commercialisés en l’état à Kinshasa, la capitale et la plus grande ville de la RDC.
« Le fait que le maillon le plus dangereux de la chaine de distribution se trouve au niveau du détaillant rend difficile mais pas impossible l’organisation de la lutte contre cette prolifération des micro-organismes. La seule arme de lutte adéquate serait la sensibilisation ainsi que l’éducation des masses aux règles d’hygiène », ont-ils souligné.
Les échantillons du pain ont été prélevés au niveau de trois grandes boulangeries industrielles, à savoir Pain victoire, Pain vimba et la Société générale de pains (SGP) qui distribuent les pains dans toute la ville de Kinshasa et une bonne partie de la province du Kongo central, voire même jusque dans les anciennes provinces de Bandundu et Kasaï et de trois grandes boulangeries artisanales. Pour le prélèvement des échantillons, ils ont indiqué que trois sites ont été choisis pour les boulangeries industrielles, notamment à la sortie du four et dans les environs immédiats (les pains qui sont gardés dans les entrepôts de la boulangerie en attendant leur enlèvement par les mamans commerçantes). Ils ont prélevé aussi chez les détaillants installés non loin de l’usine et qui vendent à longueur des journées et aussi chez les détaillants installés dans les petits marchés appelés communément « Wenze » en lingala.
Les chercheurs ont alors fait quelques recommandations. Etant donné que la distribution du pain se fait dans le non-respect de normes de bonnes pratiques d’hygiène (BHP), ils estiment que les grandes sociétés devraient aider les détaillants à vendre les pains dans le respect de BHP. Ce sont elles qui devront cette lutte pour aider la population à consommer du pain non contaminé. C’est de leur intérêt de savoir que leur pain qui sort du four arrive sain dans les assiettes du consommateur.
Ils ont recommandé au consommateur de chauffer son pain avant toute consommation. Cette pratique détruit non seulement la plupart des micro-organismes présents sur la croûte mais aussi rend le pain plus croustillant et donc plus agréable à manger.
Les vendeurs ont été invités de veiller à respecter les règles d’hygiène sur toute la chaine de distribution du pain ; de collecter à la boulangerie dans les récipients appropriés, d’éviter de le transporter dans des charrettes servant au transport d’autres types de marchandises, de l’étaler pour sa vente à des surfaces propres et le recouvrir de plastique, éviter de trop manipuler les éléments d’un lot et le conserver à l’abri de l’humidité si sa consommation n’intervient pas immédiatement.
Au pouvoir public, il a été recommandé de montrer sa volonté politique de faire appliquer les mesures de BHP sans complaisance afin de garantir la santé des consommateurs.
Les médias n’ont pas été oubliés il leur a été demandé de procéder à la sensibilisation et à l’éducation au respect des règles d’hygiène et informer ainsi les populations du risque de consommer du pain mal sécurisé. Le Papyrus a fait sa part.
Il sied cependant de noter que jusqu’à ce jour les choses n’ont guère évolué depuis la publication de cette étude. Le pouvoir public est appelé à bien s’impliquer pour une amélioration de cette situation.
JRB