Kinshasa : les agriculteurs se plaignent de la baisse du rendement
4 min readL Les agriculteurs des zones périphériques de Kinshasa se plaignent de la faible productivité
agricole due au bouleversement du calendrier agricole
- Introduction
En dépit de ces énormes potentialités, les impacts du changement climatique sont déjà perceptibles en République Démocratique du Congo notamment par la persistance des fortes chaleurs, des pluies violentes, la dégradation des terres agricoles, l’allongement de la saison sèche entrainant le bouleversement du calendrier agricole, la pollution, etc
L’agriculture qui est l’activité principale de plus de 70% de la population congolaise, est soumise à la rigueur des conditions climatiques, la dégradation de l’environnement, les coûts élevés des moyens de transports et des intrants agricoles,
le manque de mécanismes d’encadrement, de suivi et de crédit destinés à soutenir la production agricole.
Dans les zones périphériques de Kinshasa, les agriculteurs ne savent plus à quelle date/période faut-il réaliser le semis ou la plantation des cultures. La Commune de Maluku qui représente près de 70% de la superficie de la ville de Kinshasa devrait être en principe être le grenier de la ville, mais malheureusement, l’essentiel des produits alimentaires de base consommés dans cette commune rurale proviennent de Kinshasa-centre. Le changement climatique vient s’ajouter aux multiples contraintes dont font face les agriculteurs de zones périphériques de Kinshasa.
- Que faire pour réaliser la production agricole dans ces conditions
La principale contrainte pour réaliser la production agricole dans les zones périphériques de la ville de Kinshasa est l’eau. L’agriculture étant pluviale, les précipitations constituent la principale source d’approvisionnement en eau pour les agriculteurs. Le sol étant sableux, sa capacité de rétention en eau est très faible, ce qui limite aussi le développement optimal de beaucoup de cultures comme les céréales (maïs, riz, etc.). La pratique de l’agriculture sur brûlis réalisée dans la périphérie de Kinshasa entraine une perte rapide de la fertilité des sols, donc une faible production.
Les stratégies techniques à mettre en œuvre dans ces conditions peuvent se résumer en divers éléments ci-après :
- Réaliser la plantation ou le semis après deux pluies successives,
- Cultiver les espèces végétales résilientes aux facteurs climatiques comme l’eau : il s’agit de cultiver des plantes capables de résister aux carences hydriques comme le sorgho et le mil pour les céréales, le manioc pour les racines et tubercules, le soja et le niébé pour les légumineuses, etc.
- Recourir à des pratiques agroécologiques (agroforesterie, agriculture de conservation, cultures en couloirs, etc.) pour faciliter la réalisation des cultures exigeantes en éléments nutritifs et en eau comme le maïs, le bananier, le riz, etc.
- Conclusion
Les zones périphériques de Kinshasa présentent de nombreux atouts pour relever les défis alimentaires, sociaux et environnementaux. Mais les systèmes de production réalisés dans ces zones doivent s’adapter et connaitre des innovations face à des contextes changeants.
Ces zones connaissent d’énormes difficultés liées à l’insécurité foncière, aux aléas climatiques, à l’absence de suivi technique et de formation. Au delà de la production, se profile de nombreux enjeux socio-économiques (sécurité alimentaire, création d’emplois, diversification des revenus) et environnementaux (réduction de la pollution, protection de la biodiversité, etc.).
Etre agriculteur nécessite des connaissances et des compétences à la fois techniques, économiques et humaines. La formation et la sensibilisation sont la première composante à développer dans la logique du développement agricole durable. Les actions telles que l’octroi d’intrants/crédits agricoles doivent donc laisser la place à l’amélioration des compétences des agriculteurs par la sensibilisation et la formation à travers des outils efficaces.
Pour améliorer la production agricole dans la périphérie de Kinshasa, les efforts nécessaires sont exigés dans le sens de : (i) Adapter les systèmes de production en intégrant des pratiques agroécologiques en vue d’une utilisation durable des ressources naturelles et l’amélioration des revenus paysans ; (ii) Mettre en place les coopératives des producteurs et faciliter l’accès aux ressources naturelles et aux intrants; (iii) Soutenir les systèmes de production des semences paysannes et développer les stratégies de gestion intégrée des ravageurs et maladies des cultures (utilisation des biopesticides, etc.) en tenant compte du changement climatique ; (iv) Capitaliser des acquis, diffuser les savoirs et les innovations technologiques par la mise en place d’un système d’information et de sensibilisation (radio communautaire, champ école des producteurs, etc.).
Pour permettre aux zones périphériques de Kinshasa de devenir le grenier de la ville, des réflexions sur les possibilités de l’intégration de l’agriculture familiale dans le programme du développement urbain sont nécessaires.
La rédaction d’Eadev