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Kambale Simplex : « Nous allons vers une hausse généralisée des prix des denrées alimentaires »

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On assiste ces jours-ci à une augmentation des prix des denrées alimentaires à Kinshasa comme les feuilles de manioc, les tomates, les piments etc. Ce qui a poussé le Papyrus à poser à Mr Kambale Simplex (photo), Chargé des programmes de la Confédération nationale des producteurs agricoles du Congo (CONAPAC) cette question : Est-ce que l’abandon de plusieurs hectares au plateau des Bateke suite à l’action de la milice Mobondo a un impact dans cette situation ? Voici sa réponse :

 

La hausse des prix à Kinshasa est la conséquence des effets de plusieurs facteurs combinés à la fois.

Le premier facteur qui est général au niveau national est l’inflation.  Le taux du dollar est en train de pousser à tout moment. Cela a des répercussions sur la hausse généralisée des prix pour les produits alimentaires locaux et importés. La dépréciation de notre monnaie face aux monnaies étrangères est un élément à prendre en considération.

Le deuxième facteur se trouve dans les catastrophes naturelles. Nos producteurs agricoles ont traversé des moments difficiles avec des catastrophes climatiques et particulièrement des inondations. Comme vous le savez, le fleuve Congo et plusieurs autres rivières ont quitté leurs lits pour dévaster plusieurs champs de Kindu dans la province du Maniema à Moanda au Kongo Central. Toutes les provinces que le fleuve Congo traverse et les provinces où il y a des affluents du fleuve Congo ont connu des inondations. Ce qui fait que nos vivres dans les champs ont été endommagés très sérieusement. Nous subissons la mauvaise récolte et les effets commencent à se faire sentir. Il faut dire que ce n’est pas encore grave, nous allons vers une hausse généralisée.

Le troisième facteur concerne spécialement pour la ville de Kinshasa. La situation s’est aggravée à cause de l’insécurité au niveau de l’un des bassins qui approvisionnent la ville de Kinshasa.  Comme vous le savez, Kinshasa est nourrie aussi par le Kongo Central et le Bandundu. Trois bassins de production agricole qui nourrissent Kinshasa dans le grand Bandundu ont été attaqués, insécurisés depuis plus d’une année maintenant. Nous commençons aussi à sentir les effets de la perturbation sécuritaire de cette zone-là. Les gens n’ont plus cultivé le manioc, ils n’ont plus cultivé un certain nombre des cultures que nous devrions récolter à ce moment précis. Donc, sur le plan des cultures vivrières, le manioc qui fait généralement entre 8 à 12 mois, nous sommes à l’époque où l’on devait récolter ce que l’on aurait dû planter lorsque la crise a commencé. Il y a un vide à ce niveau-là. Avec les perturbations qui sont arrivées au plan sécuritaire, les vivres à cycle court, 3 mois, tels que le maïs, le haricot… n’ont pas été suffisamment plantés. Nous entrons dans une forme de zone rouge où les produits qui devraient être récoltés à ce moment précis, comme on ne les a pas plantés lorsque nous devrions le faire, maintenant nous ressentons le coût.

A ces facteurs, il faut ajouter un autre que les gens n’arrivent pas à appréhender, c’est le facteur politique. Nous revenons d’une phase où le politique a dépensé beaucoup d’argent dans ce qu’il convient d’appeler la campagne électorale. Les hommes qui gèrent la nation ont été plus préoccupés par la reconquête du pouvoir. Beaucoup d’argent a été dépensé dans cette campagne-là sans avoir une vue générale ou lointaine de ce que nous sommes en train de vivre maintenant. Il faut noter que la campagne électorale ne commence pas généralement à la date du lancement de la campagne. Cette date s’affiche bien avant chez les hommes politiques parce qu’ils doivent mobiliser les moyens  pour s’apprêter à affronter la population lors de cette campagne. Ce qui fait que l’argent a été thésaurisé pour être dilapidé lors de la campagne électorale et vous avez vu les joutes, comment les gens se sont mobilisés. Ça c’est parmi les facteurs qui ont fait que pour l’instant la ville de Kinshasa est soumise à une sorte de flambée, une fièvre de la hausse des prix des denrées alimentaires.

Un autre facteur qu’il ne faut pas sous-estimer est le fait que la ville de Kinshasa n’est pas une ville productrice. Kinshasa n’a pas développé le système des jardins de parcelle comme d’autres villes. Si nous sommes asphyxiés c’est parce que les gens ont pendant longtemps cru que l’Etat doit les nourrir, alors ils n’ont pas développé de mécanismes de résilience  ou de survie dans les parcelles. C’est une ville consommatrice à 100%, elle ne produit rien en soi.

Tous ces facteurs nous conduisent à conclure facilement que cette situation va aboutir à des crises périodiques qui vont se pérenniser pendant longtemps parce que là nous irons jusqu’au mois de mai pour ceux qui connaissent le cycle des produits agricoles. Entre mai et juin, nous allons assister à une sorte de montée des prix des produits agricoles.

Propos recueillis par JR Bompolonga

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