Il est à craindre que la RDC soit flouée dans la production du lithium
3 min readLors de ce forum sur le développement des chaînes de valeur et le marché des batteries, des véhicules électriques et des énergies renouvelables en Afrique, organisé à Kinshasa du 24 au 25 novembre 2022, il a été démontré que « La RDC est la destination la plus compétitive au monde pour installer des usines de fabrication de batteries », Un objectif conforté par une étude de Bloomberg qui affirme que construire ce type d’usine coûte moins cher en RDC qu’aux Etats-Unis ou en Chine, a déclaré Popol Muamba Mukengeshayi, Avocat conseil de la COMINIERE SA, l’entreprise du portefeuille de la RDC qui détient des actions dans Dathcom mining qui originairement était titulaire de PR 13359 pour l’exploitation du lithium de Manono.
C’était au cours d’une conférence organisée le jeudi 11 août 2022 par la Commission Episcopale pour les Ressources naturelles de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, la CERN/CENCO, au Centre d’Etudes pour l’Action Sociale (CEPAS) de Kinshasa, sous la couverture du Réseau Ecclésial du Bassin du Congo (REBAC). Le thème retenu était « Comment le lithium de Manono en RDC peut-il contribuer à la Transition énergétique ? Réflexion multipartite en marge de la PRECOP27 ».
L’avocat conseil de la Cominière a signalé que l’objectif de cet événement était de réfléchir comment améliorer les conditions de vie des populations de la RdC et d’autres pays africains en développant la valeur ajoutée des ressources minières qui entrent dans la fabrication des batteries électriques, notamment le lithium.
Parmi les recommandations faites à l’attention du Gouvernement de la RDC, il y a celles de veiller pour que l’équilibre de gains dans la joint-venture soit assurée de sorte que les intérêts de l’Etat congolais et de la population soient protégés ; se pencher sur la cession jugée irrégulière des parts sociales de la Cominière à Dathomir pour que justice soit faite.
Les participants se sont interrogés sur le fait que la Cominière, entreprise du Portefeuille de l’Etat, propriétaire du titre minier, se retrouve à ce jour dans la joint-venture avec moins de 30 % de parts sociales, et même moins de 20 %.
Dans son mot de bienvenue, le Secrétaire général de la CENCO, Mgr Donatien Nshole, a fustigé le fait que « les négociateurs congolais des contrats miniers le font souvent en privilégiant les intérêts égoïstes plutôt que l’intérêt général. Ceci fait manquer au pays des ressources nécessaires au développement et à la lutte contre la pauvreté ».
Parlant des enjeux mondiaux sur le changement climatique, Henry Muhiya, Secrétaire exécutif de la CERN/CENCO, a fait savoir que le monde fait face au réchauffement de la planète. Une des solutions pour réduire les émissions des gaz à effet de serre responsables de ce réchauffement est l’abandon des énergies fossiles. Il faudrait une énergie alternative. Pour la locomotion, une des solutions trouvée est l’utilisation des véhicules électriques qui ont besoin de batteries à grande capacité d’accumulation et de conservation de l’énergie. Ces batteries ont, pour le moment, comme composantes essentielles le cobalt et le lithium. La RDC détient près de 60 % des réserves mondiales de cobalt exploitées actuellement par des entreprises à capitaux majoritairement étrangers : la Chine, à travers les entreprises Tenke Fungurume Mining et Sicomines, la Suisse, à travers sa multinationale Glencore. Peinant à se relever, l’entreprise de l’Etat, la Gécamines, n’offre qu’une très faible participation, comparée à celle des joint-ventures où elle est associée avec ces partenaires étrangers. La RDC n’assure donc pas un contrôle de ce minerai stratégique pour ses bénéfices économiques et sociaux. Voilà qu’un autre minerai, le lithium, vient d’être mis en exergue par les recherches de l’entreprise AVZ Minerals Limited, une multinationale australienne, partenaire de l’entreprise congolaise Cominiere, dans la joint-venture DATHCOM Mining SA. La réserve de lithium située dans le territoire de Manono, province du Tanganyika, est présentée comme la plus importante au monde. Mais la question se pose de savoir si cette fois la RDC saura profiter de son lithium.
LP