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Dre Moeti « En 2020, en tout 100 000 femmes ont développé un cancer du col de l’utérus dans la Région africaine de l’OMS… »

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 Dre Matshidiso Rebecca Moeti, Directrice régionale de l’OMS/Afrique, a adressé un message à l’occasion du mois de sensibilisation au cancer du col de l’utérus. Elle a signalé qu’en 2020, en tout 100 000 femmes ont développé un cancer du col de l’utérus dans la région et près de 70 000 femmes sont décédées des suites de cette maladie. Ci-dessous l’intégralité de son message

Le mois de janvier est consacré à la sensibilisation au cancer du col de l’utérus. La Région africaine se joint aux autres Régions de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour mettre en avant, tout au long de ce mois, les trois messages essentiels retenus pour la campagne de cette année, à savoir : « Renseignez-vous » ; «Faites-vous dépister » ; et « Faites-vous vacciner ».

En 2020, en tout 100 000 femmes ont développé un cancer du col de l’utérus dans la Région africaine de l’OMS et près de 70 000 femmes sont décédées des suites de cette maladie – ce qui représente 21 % de la mortalité liée au cancer du col de l’utérus dans le monde. Le cancer du col de l’utérus sévit de manière disproportionnée dans certaines de nos communautés les plus vulnérables.

Permettez-moi de passer aux messages essentiels retenus pour la campagne de cette année. Premier message : renseignez-vous. Il est primordial que les jeunes femmes en particulier connaissent le lien qui existe entre le cancer du col de l’utérus et le papillomavirus humain. La quasi-totalité (au bas mot 99 %) des cancers du col de l’utérus sont liés à ce virus courant qui se transmet lors de rapports sexuels. Deuxième message : faites-vous dépister. Le fait de connaître ce lien avec une infection virale courante signifie en effet qu’il est désormais plus facile de dépister la maladie chez les femmes. Troisième message enfin : faites-vous vacciner. On peut prévenir cette maladie en vaccinant les jeunes femmes, ce qui est de nature à prévenir l’infection par le papillomavirus humain. La sensibilisation au cancer du col de l’utérus nous oblige à responsabiliser les femmes en leur prodiguant des connaissances, à l’école comme dans les cliniques et dispensaires et en mettant à contribution les femmes qui vivent avec la maladie. Le fait de mieux appréhender le lien qui existe entre la maladie et le papillomavirus humain encouragera le dépistage et la vaccination contre le papillomavirus humain chez les jeunes femmes.

Les taux élevés d’incidence du cancer du col de l’utérus dans notre Région montrent qu’il existe des lacunes importantes sur le plan des connaissances comme en matière de sensibilisation à la maladie et d’accès au dépistage. Nous devons également nous assurer de toute urgence que le vaccin contre le papillomavirus humain parvienne à toutes nos jeunes filles âgées de neuf à 14 ans. Cela nous oblige à faire porter essentiellement nos efforts sur nos besoins immédiats afin de combler les lacunes constatées.

Comment faisons-nous face à cette charge de morbidité inacceptable dans la Région africaine de l’OMS ? Premièrement, nous disposons dans notre Région d’un cadre de santé publique spécifique, lancé en 2021 et qui vise à accélérer l’élimination du cancer du col de l’utérus en tant que problème de santé publique en Afrique. Ce cadre présente les mesures concrètes qui peuvent être prises pour atteindre les objectifs suivants : 90 % des filles sont entièrement vaccinées contre le papillomavirus humain à l’âge de 15 ans ; 70 % des femmes bénéficient d’un dépistage réalisé à l’aide d’un test de haute performance à l’âge de 35 ans et à nouveau à l’âge de 45 ans ; 90 % des femmes atteintes de lésions précancéreuses sont traitées et 90 % des femmes atteintes d’un cancer plus avancé sont prises en charge.

Nous devons également être conscients du fait que les femmes vivant avec le VIH sont plus sensibles à l’infection par le papillomavirus humain et présentent donc un risque accru de développer le cancer du col de l’utérus. S’il s’agit là d’un défi particulier à relever dans la Région africaine au regard de nos niveaux élevés d’infection par le VIH, il s’agit aussi d’une opportunité pour nous. Nous pouvons utiliser nos services de dépistage et de traitement du VIH comme une autre occasion de susciter une prise de conscience au problème du cancer du col de l’utérus et d’offrir un dépistage et une vaccination aux femmes qui se font ausculter dans les services de prise en charge de l’infection à VIH. Nous faisons des progrès notables dans ce domaine en intégrant le dépistage et le traitement du cancer du col de l’utérus dans les programmes de lutte contre le VIH, par exemple en Zambie, pays où cette initiative a été lancée en 2018. Environ 235 000 femmes vivant avec le VIH ont été dépistées entre novembre 2020 et octobre 2021. Entre 2022 et 2023, le taux de dépistage du cancer du col de l’utérus chez les femmes vivant avec le VIH a augmenté de 30 %.

Les services de lutte contre le VIH ne sont pas les seuls programmes dans lesquels on peut intégrer les services de dépistage et de traitement du cancer du col de l’utérus. En 2023, l’OMS a lancé un projet triennal destiné à intégrer les services de lutte contre le cancer du sein et le cancer du col de l’utérus dans les services de soins de santé primaires, en Côte d’Ivoire, au Kenya et au Zimbabwe, ciblant plus de 300 000 femmes. À ce sujet, je tiens d’ailleurs à remercier Roche pour son accompagnement.

En ce qui concerne le dépistage, l’OMS apporte son appui aux pays de la Région pour qu’ils puissent adopter le dépistage du papillomavirus humain en qualité d’indicateur de la présence éventuelle d’un cancer du col de l’utérus. Seize pays[1] utilisent cette technique, et l’une des percées majeures du dépistage est l’utilisation de kits d’auto-prélèvement grâce auxquels on peut dépister le papillomavirus humain. Cela peut se faire dans des centres de santé communautaires – comme c’est le cas au Kenya –, et cela signifie que les femmes n’ont pas à se rendre dans des centres plus grands pour se faire dépister. En outre, au Malawi par exemple, la disponibilité de tests de dépistage rapide du papillomavirus humain dans les dispensaires signifie que les femmes obtiennent immédiatement les résultats de leurs tests et qu’une intervention rapide et efficace peut leur être proposée, à l’aide de nouveaux dispositifs portatifs. La Zambie a pu introduire le dépistage du papillomavirus humain dans tout le pays. Avec l’appui des services de santé relevant de la Convention baptiste du Cameroun, le Cameroun utilise désormais le test de dépistage du papillomavirus humain en tant que méthode principale de dépistage dans 70 % de ses régions. L’OMS a par ailleurs permis au Libéria d’ouvrir ses tout premiers centres de dépistage du cancer du col de l’utérus dans le secteur public.

s pays doivent aussi renforcer leur capacité de diagnostic et de traitement précoces. Dans cette optique, l’OMS a accompagné le Malawi, la Sierra Leone et la Zambie dans l’amélioration de la formation aux services de traitement du cancer du col de l’utérus. De bons services de pathologie sont au demeurant nécessaires pour diagnostiquer le cancer du col de l’utérus. Une fois diagnostiquées, les patientes peuvent avoir besoin de plus d’un type de traitement. Toute cette démarche doit être généralisée dans la Région, disponible dans les centres de santé publique, d’une manière qui n’entraîne pas de coûts majeurs pour les patients ni pour leurs familles.

Venons-en maintenant à la vaccination contre le papillomavirus humain, qui change la donne dans les efforts faits pour éliminer le cancer du col de l’utérus, non seulement dans notre Région, mais aussi dans le monde entier. Nous obtenons des avancées majeures dans ce domaine. Vingt-sept pays[2] de notre Région ont commencé la vaccination contre le papillomavirus humain et en ont fait une partie intégrante de la vaccination systématique des jeunes femmes. Une autre mesure prise dans le but d’accélérer l’introduction du vaccin contre le papillomavirus humain – un vaccin qui sauve des vies – consiste à n’utiliser qu’une seule dose dont la très grande efficacité est avérée, avec d’ailleurs pour corollaire que les jeunes femmes ont moins de risques d’abandonner le calendrier de vaccination. Quatre pays[3] ont d’ores et déjà adopté le vaccin à dose unique. On assiste dans l’ensemble de la Région à une augmentation de la couverture vaccinale contre le papillomavirus humain au sein des populations cibles, ce qui est fort encourageant.

J’exhorte tous les pays de la Région à participer activement à des campagnes de sensibilisation, à favoriser le dépistage et à promouvoir la vaccination contre le papillomavirus humain chez les jeunes femmes.

En ce début d’année 2024, faisons de la lutte contre le cancer du col de l’utérus une priorité de notre action. Mon message est clair : premièrement, il est possible de prévenir le cancer du col de l’utérus et de le guérir. Tout le monde doit être conscient de la maladie, de ses causes et des moyens de la prévenir. Deuxièmement, il n’y a pas une seule intervention pour concrétiser cette ambition, à savoir que nous devons mettre à profit une grande variété de techniques et d’approches. Troisièmement, le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique continuera de travailler avec nos pays et avec un large éventail de partenaires et de parties prenantes pour accélérer la lutte contre le cancer du col de l’utérus et faire en sorte que cette maladie dévastatrice ne soit plus diagnostiquée chez aucune femme en Afrique.

 

Dre Matshidiso Rebecca Moeti

[1]      Afrique du Sud, Botswana, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Kenya, Lesotho, Malawi, Mozambique, Nigéria, Ouganda, République-Unie de Tanzanie, Rwanda, Sénégal, Zambie et Zimbabwe.

 

[2]      Afrique du Sud, Botswana, Burkina Faso, Cabo Verde, Cameroun, Côte d’Ivoire, Érythrée, Eswatini, Éthiopie, Gambie, Kenya, Lesotho, Madagascar, Malawi, Maurice, Mauritanie, Mozambique, Ouganda, République-Unie de Tanzanie, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Seychelles, Sierra Leone, Zambie et Zimbabwe ; et Nigéria (phase 1).

[3]      Liste des pays concernés.

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