Des maisons, magasins et bus consumés dans des incendies d’origine inconnue à Kinshasa, mais….
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Ces récents évènements nous remettent en mémoire tous les multiples cas d’incendies connus et même les méconnus. C’est le cas du camion-citerne qui a déversé toute sa cargaison sur la chaussée au Rond-point Ngaba provoquant un énorme brasier ayant détruits une centaine des boutiques et maisons d’habitation sur By-pass. C’est également le cas des incendies de dépôts de carburants de Debonhomme, de Mariano et j’en passe. Ceci pose le problème du système de la prévention et des interventions en cas de ces genres de circonstances dans cette Ville Province de Kinshasa.
Le second problème est que cette vaste ville ne possède qu’une seule unité des sapeurs-pompiers qui, dans la plupart des cas, n’arrive que pour constater les dégâts et la population déplore amèrement son non- fonctionnement. Le troisième problème qui se pose est la situation géographique excentrique de ladite caserne car située en pleine commune de la Gombe, sur l’avenue de la Justice, en face du Collège Boboto, son déploiement sur l’étendue de la Ville est un goulot d’étranglement quand on sait la nature de la fluidité de la circulation routière de cette capitale africaine composée de 24 communes. Un dernier problème est que ces récents incendies et bien entendue les anciennes également, mettent en évidence les lacunes de l’unité des sapeurs-pompiers de la ville, en particulier leur manque d’équipements et leur inefficacité à répondre rapidement à ces incidents.
Les sapeurs-pompiers jouent un rôle crucial et primordial dans toute ville moderne pour assurer la sécurité des personnes et des biens. Leurs interventions dans la prévention des incendies, ainsi que dans leur intervention rapide pour limiter les dégâts sont essentielles pour :
– La prévention : ce volet est très important et concerne donc la sensibilisation du public aux risques d’incendie, la formation sur les premières interventions en cas d’accident et l’inspection des bâtiments pour garantir qu’ils répondent aux normes de sécurité.
– La lutte contre les incendies : Ils limitent la propagation des flammes et réduisent les pertes matérielles et humaines en intervenant aussi rapidement que possible sur les sites identifiés.
– Les services de secours : Les pompiers sont souvent les premiers à intervenir lors de catastrophes ou d’accidents. Donc, ils assurent la vie des populations face aux accidents.
Les incendies de Kinshasa révèlent un manque criant des sapeurs-pompiers, des équipements inexistants, de préparation et de moyens insuffisants dans la gestion des urgences à Kinshasa. Il est déplorable que des pertes matérielles d’une telle ampleur surviennent chaque fois alors qu’une réponse rapide des sapeurs-pompiers aurait pu minimiser les dégâts. La lenteur des interventions, causée par l’inexistence et la mauvaise répartition des casernes et le manque de véhicules, pose la question de l’investissement de la ville dans des infrastructures de sécurité adéquates.
Comment un camp militaire peut manquer une petite unité des sapeurs-pompiers quand on sait que plusieurs âmes y vivent et que la promiscuité est criante ? Nous nous interrogeons également comment une société de transport comme Transco avec ses 1000 bus, ne possède pas des agents formés et équipés spécialement à la lutte contre toutes sortes d’incendies ? Comment un groupe des supermarchés Kin-Marché possédant plus de 100 supermarchés à travers la Ville de Kinshasa ne possède pas une équipe propre d’interventions. Les incendies passés ne nous ont –ils pas enseignés au point qu’à chaque nouvel incident, l’on déplore les dégâts humains, matériels et émotionnels pour les résidents et les commerçants.
La centralisation des sapeurs-pompiers dans un seul quartier (la Gombe) nuit à la rapidité de leurs interventions, surtout dans une ville à la circulation dense comme Kinshasa.
Pour terminer notre message, nous recommandons au Gouvernement et à la Ville de Kinshasa des solutions sur l’implantation de postes dans chaque commune ou la création de points de rassemblement stratégiques pour réduire les délais d’intervention.
En comparaison avec d’autres grandes villes modernes, Kinshasa, avec ses 24 communes et une superficie de près de 9 965 km², devrait idéalement avoir un nombre significatif de casernes de pompiers. Par exemple :
Paris, qui couvre une superficie d’environ 100 km², compte une trentaine de casernes.
New York, qui s’étend sur environ 780 km², a plus de 200 casernes.
Sur cette base, Kinshasa, avec sa configuration géographique particulière, aurait besoin d’au moins 5 à 10 postes bien répartis pour répondre efficacement aux urgences. Le souhait est que chaque commune puisse avoir un poste de commandement des sapeurs-pompiers bien équipés ou que l’unité qui existe puisse chaque jour être en alerte en se déployant au niveau des points de rassemblement choisi les principales axes de circulation et les points névralgiques de la ville.
Sur le plan d’équipements nécessaires pour une unité moderne, pour être efficace, une unité de sapeurs-pompiers doit être équipée de :
– 5-10 Camions de pompiers modernes : équipés de réservoirs d’eau, de pompes à haute pression, et d’échelles hydrauliques.
– 3-5 Petits Véhicules d’intervention rapide : qui peuvent se rendre sur place avant les camions lourds.
– 1-2 Ambulances médicalisés : qui se chargeront des accidentés et des grands brulés ;
– Matériels de lutte contre les incendies : Extincteurs portables, vêtements ignifugés, masques à oxygène.
– Systèmes de communication avancés : Pour coordonner les interventions avec les autres services d’urgence.
– Équipements de sauvetage : Y compris des cisailles hydrauliques pour les accidents de la route et du matériel pour dégager les décombres lors des effondrements. Mais, aussi des équipements de plongée pour les cas survenant en plein fleuve.
– Formation permanente : dans l’exercice de leur profession, la formation est une activité permanente chaque fois qu’un équipement nouveau arrive et aussi avec les nouvelles techniques et approches.
Ces équipements, couplés à une organisation géographique plus judicieuse, permettraient aux sapeurs-pompiers de Kinshasa de répondre plus efficacement aux urgences, réduisant ainsi les pertes en biens et les éventuelles pertes en vies humaines
Jean- Pierre Matondo (Correspondance particulière)