COP27: un mécanisme de financement mondial pour l’Afrique reste incertain
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Ayant contribué le moins au changement climatique, l’Afrique en subit pourtant les effets qui affectent des millions de personnes sur le continent. Laurent Somé, responsable pour l’Afrique des politiques et partenariats au WWF, souligne l’urgence de mettre en place des mécanismes de financements pour les pertes et dommages, alors que l’on se dirigeait déjà vers la fin de la COP 27
Les effets catastrophiques du changement climatique sont ressentis dans le monde entier, y compris par près de 43 millions de personnes en Afrique. Tous les secteurs sont touchés : la santé, le tourisme, l’agriculture et l’éducation. Les communautés qui ont le moins contribué au changement climatique sont les plus touchées par la crise. La région contribue pour moins d’un pour cent de 4% des émissions, mais souffre pourtant des actions des pays riches.
Il ne fait aucun doute que la justice climatique est essentielle pour les pays africains. L’une des questions qui a fait l’objet d’une attention particulière lors de la Conférence des parties à la CCNUCC (COP27) au novembre, en Egypte, est la nécessité de mobiliser des ressources financières pour aider les pays à s’adapter au changement climatique et qui ont subi des pertes et dommages en raison de ce changement.
Grâce à un fonds, les pays touchés peuvent accéder à des financements, sous forme de subventions, pour atténuer les effets supplémentaires du changement climatique. Cette semaine, lors de la conférence, une réunion ministérielle sur le nouvel objectif chiffré collectif relatif au financement du climat a été organisée pour que les parties négocient un nouvel objectif de financement du climat allant au-delà de l’objectif actuel de 100 milliards de dollars
Cependant, les ministres ne se sont pas engagés de manière significative, beaucoup d’entre eux lisant les déclarations attendues sans négocier activement.
LES ETATS-UNIS D’ACCORD, MAIS…
En général, les pays en développement ont fait pression pour un objectif élevé. La Norvège a suggéré d’envisager «plusieurs objectifs» pour l’atténuation, l’adaptation et les pertes et dommages, comme l’a recommandé le WWF.
L’envoyé américain pour le climat, John Kerry, a reconnu l’importance du financement nécessaire, mais il a déclaré que les États-Unis ne pouvaient pas agir seuls. L’inscription des pertes et dommages à l’ordre du jour a été un premier succès pour la COP27, mais il n’est pas encore certain qu’un plan de financement puisse être convenu lors de cette COP. Toutes les parties ont mentionné le besoin urgent de reconnaître le manque de financement existant pour les pertes et dommages et d’assurer la création d’un nouveau fonds multilatéral adapté et fonctionnant comme un mécanisme financier, en particulier pour les pays les moins avancés et les petits États insulaires.
Il est clair que ceci reste une question épineuse pour les pays africains. Les discussions précédentes sur le changement climatique, ancrées dans le cadre du Protocole de Kyoto et de l’Accord de Paris, ont appelé à une assistance financière des Parties disposant de plus de ressources financières vers celles qui sont moins bien dotées et plus vulnérables.
Cette démarche reposait sur la reconnaissance du fait que la contribution des pays au changement climatique et leur capacité à le prévenir et à faire face à ses conséquences varient énormément, surtout en Afrique, où des ressources financières importantes sont nécessaires pour s’adapter et réduire les impacts et les effets négatifs d’un climat changeant.
LE BESOIN AFRICAIN ÉVALUÉ 2 800 MILLIARDS USD
Les données disponibles montrent que l’Afrique a besoin de 2 800 milliards de dollars US entre 2020 et 2030, soit plus de 93% du PIB du continent, pour remplir ses obligations en matière de financement climatique.
Jusqu’à présent, les gouvernements africains ont engagé 264 milliards de dollars US de ressources publiques nationales, soit environ 10% du coût total nécessaire. Ainsi, 2 500 milliards de dollars US doivent provenir de sources publiques internationales et des secteurs privés nationaux et internationaux. Si presque toutes les régions africaines ont exprimé des besoins élevés, ceux-ci pourraient être sous-estimés en raison du manque de capacités et d’orientations pour réaliser des évaluations précises et du manque de données provenant des gouvernements nationaux et des communautés vulnérables. Si la plupart des pays africains ont pris des mesures initiales pour comprendre leurs besoins en matière de financement climatique, il existe une marge importante pour améliorer la qualité de ces estimations et les traduire en feuilles de route de financement claires – tant au niveau national qu’international.
Le Potentiel du lundi 21 novembre 2022