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Mbuyal: « Congolais, le sens de l’histoire fait largement défaut »

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Devant un fait nouveau, actuel, des congolais contemporains se précipitent à tirer des conclusions hâtives. Chacun veut faire montre de son expertise . Chez nous tout le monde connaît. D’ où des attitudes à isoler, disqualifier des hauts lieux de savoir et de production de l’intelligence nationale. Rarement, très rarement, l’État commande des études auprès des universités nationales et centres de recherche. Mais, curieusement, le congolais est très admiratif des offres lui présentées par la communauté internationale, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, bref tous les outils de l’impérialisme ambiant. Face aux pratiques sociales qui se sont installées dans le vécu quotidien, on veut tout de suite disqualifier un régime que l’on bombarde des qualificatifs, de noms des oiseaux. Notre police , notre armée. On a tendance à oublier l’histoire de notre armée, de notre police. Quand on parle de la FORCE PUBLIQUE , on oublie des stratégies de Léopold II qui recrute le personnel à travers le monde. Tous ces gens venus de tous les horizons ne pouvaient pas avoir des considérations pour des citoyens, des congolais. D’où le régime des fouets. Léopold II n’a pas fait de l’administration, il a fait de l’exploitation. Il nous a laissé un héritage : un régime des violences. Que l’on se souvienne de l’histoire des mains coupées, du sang sur les lianes.. Ces sacrifices ont été consentis pour la prospérité d’un individu..

LA FORCE PUBLIQUE de Léopold II ressemblait déjà à une entreprise multinationale. Au 30 juin 1960, nous sommes tous surpris par la mutinerie au sein de l’armée. Le Belge n’avait pas envisagé cette étape. On n’ n’avait pas formé des cadres dans l’armée pour assurer la relève. Quand le Colonel Janssens déclare, après l’indépendance égale avant l’indépendance, il est sincère, il dit la vérité. Des éléments à sa disposition ne lui permettaient pas de dire le contraire. Néanmoins, on a colmaté des brèches pour tirer au hasard, ceux de nos frères dont le profil correspondait à peu près au besoin immédiat. Quelque chose a été faite. Après la sécession du Katanga, la sécession du Sud Kasaï, on va de nouveau colmater des brèches pour constituer l’armée et la police.

Des HABITUDES ACQUISES ont la peau dure. Dans les Centres d’instruction, C.I, on dit, on répète, on apprend aux futurs policiers, militaires, protecteurs de la souveraineté, des frontières nationales, que CIVIL AZALI BILANGA YA SODA, traduisez un civil est champ à exploiter par un militaire. Cette tradition se perpétue. Rien n’a encore changé. La formation du militaire et policier congolais n’a pas encore pris en compte les dimensions CITOYENNETÉ et DÉMOCRATIE. Et très curieusement, des élites de toutes les branches sociales et professionnelles semblent être surprises par la brutalité des policiers vis-à-vis du citoyen congolais.

Dans les années 1980, Mobutu a tenté de corriger la trajectoire. Il a créé la GARDE CIVILE. Entre la volonté et la pratique, il y a eu un écart. Les premiers civils placés à la tête de la garde civile ont respecté la philosophie. Quand arrivé le tour de Baramoto, il retourne à la case départ. Un jour, au réveil, Baramoto décide , par sa volonté, de porter le galon de général. Devant le fait accompli, on tente de sauver la face. On crée ainsi, un nouveau titre, un grade jusque là inexistant, c’est celui de GÉNÉRAL DE PAIX.

En 1996, avec la guerre D’AGRESSION/ LIBÉRATION, et plus tard la deuxième guerre d’agression de 1998, le pays se retrouve dans un cycle permanent de recyclage des politiques civils pour le métier de la protection du territoire à travers le métier de militaire et de policier. Le défi est de taille. Dans l’anthropologie congolaise, quel est le profil de membre de la famille ou du clan qui est proposé au métier des armes ?

En suivant le débat parlementaire retransmis en direct par la télévision publique, dans le seul but de consolider l’unité du pays et la cohésion nationale, dans un élan de vivre ensemble, et de diffuser l’image du pays et de ses institutions, on est surpris par l’émergence du discours savant.

Mais le discours savamment monté ou construit pour le besoin de la cause ne parvient pas à corriger des injustices sociales à travers la répartition du revenu national. Des élus légitimes du peuple congolais dénoncent à haute voix l’incompétence du gouvernement. Mais le budget est toujours voté avec une réparation déséquilibrée des salaires entre plusieurs administrations.

Tout le monde crie sur des catégories professionnelles abandonnées ou négligées, comme le médecin, l’infirmier, le professeur d’université, l’enseignant, le policier , le militaire, et après, rien ne bouge. Où sont -ils passés des économistes de l’Assemblée nationale et du Sénat pour corriger de fond en comble la copie du ministre du budget pour avoir un budget national très humain ? Le nationalisme congolais ou zaïrois est-il en panne?

Médard Mbuyal (Correspondance particulière)

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